Faut-il passer des disciplines aux compétences? Ph. Perrenoud nous invite à la prudence
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le lundi 19 septembre 2011.
"Si l'on voulait bien repenser le curriculum de l'éducation de base en s'affranchissant des coutumes et des intérêts acquis, on pourrait trouver des équilibres qui n'excluent ni les enseignements, ni les éducations, ni le développement des compétences." Philippe Perrenoud (Université de Genève) est à la recherche d'une "voie médiane". Il ne propose pas d'orienter toute l'école obligatoire vers le développement des compétences nécessaires pour vivre sa vie, mais d' "en développer tout de même quelques unes, celles dont presque tous les jeunes auraient intérêt à disposer dès 15 ou 16 ans, ou même avant;"
Dans son dernier ouvrage, le sociologue examine toutes les facettes de la question des compétences, dont il constate que la plupart des pays s'emparent "trop vite" et qu'ils réforment l'école "sans être allées au bout de l'analyse". Il tente donc "de partager des interrogations susceptibles d'être adressées, mutatis mutandis, à tous les systèmes nationaux orientant leur curriculum vers le développement de compétences". Car si nul ne peut affirmer que "l'école actuelle prépare véritablement les jeunes à la vie qui les attend au XXI° siècle", si le rôle de l'école peut être redéfini pour qu'elle donne à chacun "une base de départ" sur laquelle construire les compétences qui lui seront nécessaires, comment caractériser cette "base"? Les enseignants peuvent-ils admettre qu'il suffise, le plus souvent de comprendre "à peu près" ce qui se passe pour résoudre un problème?
C'est parce qu'il est conscient des immenses difficultés qu'engendre une évolution pourtant nécessaire, de l'école obligatoire, que le chercheur invite à prendre le temps de la réflexion.
"Quand l'école prétend préparer à la vie..." Philippe Perrenoud, ESF éditeur, 224 p., 23 €