Sauver la maternelle sans les puericultrices
Paru dans Petite enfance, Scolaire le lundi 30 mars 2009.
Thérèse Boisdon a longtemps été la présidente de l'AGIEM (devenue AGEEM, l'association des enseignants de maternelle). Elle publie "Sauvons la maternelle" (éditions Bayard), un plaidoyer pour une école mise à mal récemment par les propos, au minimum maladroits, de Xavier Darcos. Le livre est agréable, bien écrit, et mérite d'être défendu, puisqu'il répond à des attaques si déplaisantes que leur auteur a dû présenter des excuses. Pourtant, la gêne s'installe dès la lecture de la table des matières. La crèche et ses personnels ne sont pas mentionnés, comme s'ils n'avaient rien à dire de la petite enfance.
Thérèse Boisdon les évoque au détour du 1er chapitre, lorsqu'elle écrit que les enfants "plus petits" et confiés aux crèches "ont un besoin de sécurité matérielle, affective, de sollicitations personnelles comme dans une grande famille. A l'école, et dès la classe des tout petits, nous sommes dans un lieu où (...) l'on éveille, éduque, et où l'on apprend. C'est un lieu où l'enfant va devenir un élève." Contrairement à l'auxiliaire de puériculture, "l'enseignant a un programme" et "des objectifs à atteindre".
Serait-ce à dire qu'à 4 ans, les enfants n'ont plus besoin de sécurité affective, et que les 18 mois n'ont que faire de sentir qu'on a un projet pour eux, et que leurs gestes s'inscrivent dans un parcours? Pourquoi ne pas rêver de "maisons de la petite enfance", qui de 6 mois à 6 ans, offrent aux enfants des soins (beaucoup d'abord, très peu ensuite) et de l'éducatif (rien au début, presque tout avant l'entrée à la "grande école"). Ces maisons réuniraient enseignants, ATSEM, puéricultrices, auxiliaires et EJE (éducateurs de jeunes enfants).
Ce livre nous éloigne de cette utopie. Les enseignants ne peuvent-ils pas penser en-dehors de leurs corporation?