Comment faire encore monter le niveau? La réponse de Baudelot et Establet
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Orientation le lundi 30 mars 2009.
"Avec un 16,5/20 en sciences, un 16,3 en mathématiques, et un 16,4 en mathématiques, les jeunes Français de 15 ans [évalués par PISA] peuvent faire envie à la plupart de leurs camarades dans le monde", même s'ils n'ont pas 18/20 comme les jeunes Finlandais. C'est l'une des conclusions de "L'élitisme républicain, l'école française à l'épreuve des comparaisons internationales", que publient au Seuil Christian Baudelot et Roger Establet, deux sociologues qui s'étaient rendus célèbres en publiant en 1989 "Le Niveau monte".
Pour eux, les résultats de PISA sont loin d'être aussi catastrophiques qu'on le dit. "Le niveau ne cesse de monter, mais une part de jeunes qui oscille entre 10 et 20% d'une classe d'âge, selon le degré de sévérité des indicateurs retenus se situe en dessous du niveau minimal auquel l'école a pour mission de conduire tous les élèves d'une génération." Et surtout, les deux chercheurs, en s'appuyant sur l'analyse des résultats de cette enquête internationale, confortent une analyse bien connue: on ne fait pas progresser l'élite aux détriments des élèves faibles. Pour que le niveau des élites monte, il faut que tout le monde progresse. Il ne faut donc pas séparer le bon grain de l'ivraie, selon le principe méritocratique français, mais au contraire renforcer le tronc commun. Ainsi, la Pologne qui a retardé d'un an les processus d'orientation a gagné beaucoup de points sur les dernières années, tandis que "le poids de l'origine sociale des élèves sur leurs performances est près de deux fois plus fort en France qu'en Islande, en Finlande ou en Corée du Sud".
Les auteurs plaident donc pour "une véritable école unique", des aides personnalisées, et pour l'école maternelle, et contre les logiques comptables et la suppression de la carte scolaire.