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Scolarisation des handicapés: le collège-lycée Élie Vignal propose un enseignement "ordinaire" mais en milieu adapté

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 09 septembre 2011.

Cet établissement, de statut public, semble unique pour son fonctionnement en France. Le collège-lycée Élie Vignal accueille, sur la commune de Caluire-et-Cuire (Grand Lyon), des élèves malades ou en situation de handicap qui ne peuvent plus suivre leur scolarité dans leur établissement de secteur, en raison de leur fragilité, de leurs souffrances ou de leur fatigabilité. Le programme est exactement le même que celui qu'impose l'Éducation nationale de la 6e à la Terminale, donc "ordinaire". En revanche, cet établissement propose des aménagements dédiés à des élèves handicapés: "c'est donc la structure et les enseignants qui s'adaptent", comme le souligne le président de l'association Pour la promotion du collège lycée Élie Vignal, qui a organisé une conférence de presse ce jeudi 8 septembre 2011 pour promouvoir cet établissement "passerelle".

Les élèves sont envoyés par la MDPH (maison départementale du handicap), par exemple quand des charges lourdes liées à des opérations, des périodes de rééducation, etc. imposent à l'élève un rythme plus adapté. "Certains pourraient être scolarisés en milieu ordinaire comme le prévoit la loi de février 2005 mais le contexte des classes chargées en effectifs, le fait que ça aille vite peut être inadapté pour ces élèves qui se fatiguent rapidement", explique de son côté la vice-présidente de l'association, Marie-Christine Pascal.

L'établissement accueille des élèves malades ou souffrant de handicaps variés (moteurs, sourds ou malentendants, souffrant de troubles cognitifs suite par exemple à des AVC, ou encore de phobies scolaires, etc.) mais pas mentaux, à l'exception de quelques autistes "capables de suivre car il faut les capacités intellectuelles pour suivre un programme ordinaire", souligne encore Marie-Christine Pascal. En moyenne, les élèves restent dans l'établissement 1 an et demi à 2 ans et le turn over est de 40% chaque année.

Éviter la rupture scolaire

Les aménagements portent autant sur l'accessibilité (l'architecture de l'établissement, livré en 1984, a été pensée pour accueillir ce type d'élèves) et la mobilité (ce sont les enseignants qui vont d'une classe à l'autre, l'établissement bénéficie de l'aide de 12 AVS, la moitié "collectifs", les 6 autres assistant individuellement des élèves lourdement handicapés), que sur les équipements et matériels, les aspects pédagogiques (10 à 12 élèves par classe maximum; les enseignants, volontaires, passent le "certificat complémentaire pour l'adaptation scolaire des élèves en situation de handicap", les élèves ont accès à la classe.com, site développé pat le Département du Rhône où ils ont accès à tous les cours, communiquent avec leurs professeurs, ont un espace personnel...). Les élèves bénéficient aussi d'aménagements scolaires pour passer les examens, le bac en 2 ans par exemple, comme c'est possible d'ailleurs dans d'autres établissements. Même l'EPS est assurée pour tous, de façon adaptée, et sans l'aide d'AVS.

"L'objectif est d'éviter la rupture scolaire, même si évidemment il y en a une. Mais elle se fait en douceur", explique encore Marie-Christine Pascal. Ce qui explique également que, en plus des 100 élèves accueillis sur le site, 11 des 21 enseignants de l'établissement interviennent aussi sur 11 sites hospitaliers auprès de 1200 élèves. Ceux-ci ont aussi une 3e mission: assurer ponctuellement la scolarité à domicile avant le retour en établissement de secteur.

Un lieu "passerelle" pour reprendre des forces et reconstruire son identité

Situé entre l'établissement ordinaire difficile à adapter pour tous, et l'établissement ou classe spécialisés, tel les IME ou les ULIS, le collège-lycée Élie Vignal constitue donc une "solution alternative" avec enseignement "ordinaire", indispensable selon les parents d'élèves. Ceux-ci s'étaient d'ailleurs mobilisés en se constituant en association en 2005, alors que l'établissement était menacé de fermeture. "On a besoin de parcours diversifiés", poursuit la vice-présidente. "La loi de 2005 est formidable car elle a ouvert la porte des établissements ordinaires à beaucoup d'enfants. Mais la réalité, ça n'est pas tout ou rien. L'inclusion voulue par la politique actuelle n'est pas possible pour tous. Élie Vignal complète les établissements ordinaires quand les jeunes sont trop fatigués pour y suivre correctement les cours." C'est grâce à lui, explique-t-elle, que sa fille, Justine Pascal, a pu reprendre une scolarité en classes de première et terminale à Élie Vignal et qu'elle est aujourd'hui en Master 1 à l'IGS Lyon. Après un accident cérébral en seconde, celle-ci "n'était plus capable d'être dans son lycée de secteur", se souvient sa mère. "Elle était hémiplégique, n'écrivait plus, et très fatiguée. Même si elle avait des capacités intellectuelles - c'était auparavant une très bonne élève -, elles étaient ralenties et l'on ne peut faire du sur-mesure dans chaque établissement!" Ici, parce que l'établissement "s'adapte aux enfants", il "leur permet d'aller le plus loin possible", constate le président.

Au-delà de l'adaptation des outils, les membres de l'association soulignent aussi que l'établissement laisse le temps aux élèves de "s'approprier leur handicap", de "reprendre des forces psychologiquement, reconstituer leur identité" avant d'affronter les regards de leurs pairs en milieu ordinaire.

Les origines de l'établissement remontent aux débuts des années 50, lorsque des médecins introduisirent l'enseignement primaire à l'hôpital, au Centre Georges Livet. Le suivi de scolarité de la 6e à la terminale débute officiellement en 1956, grâce à la communauté d'agglomération du Grand Lyon qui l'a géré et financé jusque là. Rattaché administrativement en 2008 au lycée Saint-Exupéry, il a gardé néanmoins un budget fléché et son autonomie pédagogique. En 2013, comme le prévoit la loi, Département du Rhône et Région Rhône-Alpes récupèreront, en fonction des compétences qui sont les leurs, les gestions respectives du collège et du lycée.

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