Enseignants innovants: "On est fous, mais on est nombreux"
Paru dans Scolaire, Périscolaire le samedi 28 mars 2009.
Le "Forum des enseignants innovants et de l'innovation éducative" s'est achevé ce samedi 28 mars à Roubaix à 15 h, avec la remise des prix. L'une des lauréates, une prof de maths qui travaille avec une de ses collègues d'EPS sur la danse et la symétrie a ainsi évoqué l'ambiance de ces deux journées: "On est fous, mais on est nombreux": la rencontre, menée sur un train d'enfer, d'une centaine de porteurs de projets innovants, a permis à chacun de trouver plus "fou" que soi. Certains, parmi la centaine de projets, sont "à tomber par terre" , tant ils supposent d'inventivité, de générosité ... et de temps passé. Un professeur d'EPS a détourné de vieilles "gameboy" où chaque élève peut noter sa progression et corriger ses erreurs, une conseillère pédagogique a transformé tous les élèves, de la maternelle au CM2 d'une circonscription rurale en jurés de prix littéraires, avec un site où ils confrontent leurs points de vue sur les albums, une équipe de ZEP a monté un festival auquel participent des parents étrangers à la ZEP...
Philippe Meirieu, dans sa conférence introductive vendredi, avait donné le la en rappelant que pour Ferdinand Buisson, co-fondateur avec Jules Ferry de l'école républicaine, celle-ci était nécessairement le lieu de "la démarche expérimentale et de la recherche documentaire", de façon que les élèves apprennent à penser par eux-mêmes. "Vous êtes les continuateurs de Ferdinand Buisson", s'est-il exclamé, ajoutant que l'innovation était nécessairement au coeur de l'école républicaine.
Pour la première année, ce forum, organisé par le Café pédagogique, qui donne de nombreux éléments sur un site dédié, réunissait deux logiques. La Café a fédéré de nombreuses associations d'enseignants spécialistes, les profs de français (AEF), de sport (1er degré, USEP), physique-chimie (UDPPC), histoire-géo (clionautes, APHG), enseignants de maternelle (AGEEM), de SVT (APBG), de mathématiques (APMEP), de sciences économiques et sociales (APSES), de vente, de gestion, de technologie, de technologie... Et leur logique est plutôt disciplinaire, même si les différentes associations ont eu à coeur de récompenser des initiatives intéressantes qui se situaient hors de leur champ.
De son côté, la Ligue de l'enseignement est porteuse d'une autre logique, celle du prix de l'innovation éducative, créé il y a 10 ans par Roger Fauroux et l'association "Pour l'Ecole", qu'il avait fondée afin de distribuer les droits d'auteur perçus pour le livre du même nom, qui était en fait le rapport qu'il avait remis à François Bayrou, lequel l'avait chargé d'une mission de reflexion quand il était ministre de l'Education nationale. Ce prix récompense plutôt les équipes pluridisciplinaires ou les établissements, surtout lorsqu'ils nouent des partenariats avec des maisons de retraite, des entreprises, des lieux de culture... de façon à s'inscrire dans un territoire.
Les deux logiques apparaissaient d'autant moins distinctement que Philippe Meirieu est président des deux jurys. L'une des participantes nous a fait part de son sentiment de confusion: pédagogie ou éducation? Les organisateurs devront donc choisir de fusionner les deux prix, ou de clarifier leurs positions.
Ils se retrouveront sur le Salon de l'éducation au mois de novembre pour célébrer les lauréats, et Cap Canal, la chaîne éducation, proposera une série de reportages sur les innovations les plus marquantes.