"Penser une école post-capitaliste", le défi de Ch. Laval, Fr. Vergne, P. Clément et G. Dreux
Paru dans Scolaire le mardi 23 août 2011.
Pour "penser une école post-capitaliste", Ch. Laval, Fr. Vergne, P. Clément et G. Dreux dressent conjointement le réquisitoire des politiques scolaires depuis 1959 et la réforme Berthoin. Ils critiquent "la politique néoconservatrice de retour aux fondamentaux" qui s'accompagne toujours d'une "stratégie de testing des élèves" et d'une évaluation des écoles, des équipes et des enseignants. Mais ils critiquent aussi l'actuelle "mutation néolibérale de l'école", qui entend produire un "nouvel homme conforme à l'économie de la connaissance".
Les quatre auteurs, membres de l'institut de recherche de la FSU, s'en prennent surtout à l'idéologie de l'employabilité, qui passe des stages, au cours desquels les futurs salariés font l' "expérience initiatique de [la] dépendance radicale au bon vouloir de l'entreprise", ainsi qu'au concept de "compétences", auquel se sont ralliés "certains historiens, sociologues et pédagogues" qui n'ont pas pris la mesure des évolutions du système scolaire depuis les années 60 et 70. Ils n'ont pas vu non plus que l'expression "capital humain" devait être "prise au pied de la lettre". Et tandis que l'école se réorganise autour de la problématique de l'orientation, les réformateurs oscillent "entre trois types de réponses" à l'échec scolaire, la remédiation, la redéfinition de la culture scolaire et "la transformation des modalités de la transmission de cette culture scolaire".
Au-delà du "sabotage de l'école" en cours, c'est "la nouvelle école capitaliste" qui est en cause.
"La nouvelle école capitaliste", La Découverte, 280 p., 19,50 €. ISBN 978-2-7071-6948-8