Education prioritaire: les raisons d'un échec (analyse d'un acteur de terrain)
Paru dans Scolaire le dimanche 21 août 2011.
"Pour donner une véritable formation de base à tous les élèves (...), l’éducation prioritaire a besoin non d’une simple relance mais d’une authentique refondation." C'est le constat d'un "adhérent de l'OZP", dont l'observatoire de l'éducation prioritaire publie l'analyse sans donner le nom. En voici quelques élements.
"En nombre relativement limité lors de leur création en 1981-82, les ZEP ont dépassé le millier après la relance manquée de 1998-99 (...) il ne devrait pas y avoir plus de 5% de collégiens en éducation prioritaire (...) Un problème récurrent tient au fait qu’il n’y a jamais eu adéquation entre la carte des établissements prioritaires et celle de la politique de la Ville (...)"
"La constitution d’une équipe de direction stable et motivée est une des clés de la réussite (...)". En ce qui concerne les enseignants, "il convient de tordre le cou à la fausse bonne idée consistant à vouloir à tout prix faire venir des enseignants expérimentés en éducation prioritaire (...) La seule solution est de mieux accueillir, soutenir et accompagner [les] nouveaux enseignants (...)"
"Que demandent les acteurs de terrain (...)? Pas l’abaissement massif des effectifs par classe mais :
- la consolidation des postes de professeurs supplémentaires et d’assistants pédagogiques (...)
- une diminution limitée, 2 heures par semaine par exemple, du temps d’enseignement devant les élèves afin de permettre une concertation (...)
- des crédits pédagogiques (...)"
"Pour retenir et attirer de bons élèves (...), les responsables des établissements en éducation prioritaire ont souvent essayé de mettre en place des filières d’excellence (...) Ces choix n’ont cependant été vraiment pertinents que lorsqu’ils ont été
accompagnés d’une amélioration manifeste du climat scolaire, des résultats d’ensemble et des relations avec les parents (...)"
L’implication des corps d’inspection territoriaux "est très inégale (...) Or, en éducation prioritaire, on se heurte essentiellement à un déficit de réflexion, de savoir-faire et d’échange en matière pédagogique (...)".
Et l'analyste conclut: "l’éducation prioritaire depuis 30 ans n’a que très partiellement compensé les difficultés sociales et scolaires accumulées sur certains territoires (...) Cet échec relatif semble imputable à deux séries de causes :
- d’une part l’éducation prioritaire, en dépit de certains discours flatteurs, n’a jamais bénéficié d’une véritable priorité en termes financiers, managériaux ou de pilotage ;
- d’autre part, malgré la bonne volonté des acteurs locaux, on constate un manque manifeste de savoir-faire pédagogique et une insuffisante diffusion des pratiques efficaces."
Le texte intégral, qui comporte notamment des éléments historiques précis, est téléchargeable sur le site de l'OZP (ici).