Le modèle finlandais expliqué aux américains: faites confiance aux enseignants (Tony Wagner)
Paru dans Scolaire le samedi 23 juillet 2011.
Comment un pays industrialisé a-t-il pu créer l'un des meilleurs systèmes éducatifs du monde, sans recourir au système d'évaluation par les tests qui a, aux USA, le vent en poupe. Le chercheur américain Tony Wagner (Harvard) répond aux questions du magazine californien "Salon.com". Il rappelle qu'au commencement, il y eut la réforme de la formation des enseignants qui a beaucoup fait pour améliorer le prestige de la profession. "Ce qui est formidable, c'est qu'ils ont un tel degré de professionnalisme qu'ils peuvent faire confiance à leurs enseignants (...) La différence de niveau entre le meilleur et le plus mauvais des établissements est inférieure à 4%, et ceci sans aucun test (..) C'est l'antithèse de la prétendue réforme dont on parle aux Etats-Unis."
Encore faut-il considérer les enseignants comme des chercheurs dont la classe est le laboratoire. En Finlande, les enseignants ont un master, et pas un master avec des cours "imbéciles" sur les théories et l'histoire de l'éducation. D'autre part, leur professionnalisme passe par le travail en équipe. Ils ont du temps pour travailler avec leurs collègues. Aux Etats-unis, "nous avons un système qui date du XIXème, pire, un système médiéval. Les enseignants travaillent seuls, chaque jour et tous les jours, et la solitude les empêche de s'améliorer, d'innover".
Deuxième raison du succès finlandais, pour lui, qui est l'auteur d'un best-seller sous-titré "Pourquoi même nos meilleures écoles ne permettent pas aux enfants d'acquérir les compétences dont ils auront besoin pour survivre", est qu'ils ont travaillé sur ce qu'il était important d'apprendre, et élaboré des programmes (curricula) qui ne sont pas fondés sur le par-coeur mais sur la compréhension.
Interrogé sur l'homogénéité de la nation finlandaise, qu'on oppose à la diversité des populations aux Etats-Unis, le chercheur répond qu'on compte 45 langues différentes dans les écoles d'Helsinki. D'ailleurs, l'exemple du réseau américain KIPP, des écoles destinées aux communautés les moins bien loties, prouve que le handicap économique ou racial peut être vaincu si on définit ce qu'est l'excellence de l'enseignement.