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Réussite à l'École: les résultats des élèves dépendent plus de l'enseignant que de l'établissement, selon le CAS

Paru dans Scolaire le mercredi 13 juillet 2011.

"Toutes choses égales par ailleurs, entre 10% et 15% des écarts de résultats constatés en fin d'année entre élèves s'expliquent par l'enseignant auquel l'enfant a été confié". C'est l'un des principaux résultats d'une note d'analyse du CAS (Centre d'analyse stratégique) présentée ce mardi 12 juillet 2011. Cette analyse s'est penchée sur les résultats de travaux de recherche internationaux menés depuis quatre décennies dans le domaine de l'éducation: travaux qui visaient à la fois "à évaluer l'ampleur de l'impact de l’enseignant sur les différences de progression entre élèves" mais aussi "à déterminer quelles sont les caractéristiques des enseignants les plus efficaces", comme l'explique à cette occasion Vincent Chriqui, le directeur général du CAS. Une analyse que le CAS considère comme fiable, même si, selon les études, les effets de cet "effet enseignant" peuvent être "un peu inférieurs" ou "légèrement supérieurs". En outre, ce résultat est donné après "avoir pris en compte toutes les autres variables" (milieu social, âge, sexe, redoublement, taille de la fratrie...). "Et c’est donc loin d’être négligeable", estime le directeur.

Selon le CAS, l'efficacité pédagogique de l'enseignant prendrait ainsi le pas sur un certain nombre d'autres variables. Il serait d'abord plus fort que l'effet "établissement". "Lorsque les études cherchent à mettre en évidence à la fois l'impact de l'enseignant et celui de l'établissement sur les différences de résultats entre élèves, on s’aperçoit que l'établissement n'explique qu'entre 0% et 5% de ces différences de résultats", analyse encore Vincent Chriqui.

Mieux vaut un enseignant efficace qu'une classe réduite

L’efficacité pédagogique aurait aussi plus d'impact que diminuer la taille des classes. Selon le directeur général, qui s'appuie sur les résultats d'expérimentations menées aux États-Unis, il apparaît que le fait, pour un élève moyen, de passer d'une classe de taille normale (22 à 26 élèves) à une classe de taille réduite (13 à 17 élèves) se traduit par une progression de ses résultats de 5 places sur 100, contre une progression de 13 places sur 100 en lecture et de 18 places sur 100 en mathématiques si on lui préfère un enseignant très efficace à un enseignant peu efficace. La note précise néanmoins que cet effet s'estompe vite dans le temps (si l'on passe à un enseignant moins efficace), tout comme d'ailleurs l'effet taille de classe.

Le CAS observe aussi que "l'efficacité pédagogique d'un enseignant ne dépend que marginalement de son niveau de formation initiale et de son expérience", l'absence de cette dernière se faisant surtout fortement sentir la première et la deuxième années. Notons néanmoins que le directeur général évoque une étude réalisée en France (mais dont les données datent de 1990-1991) qui "montre que les enseignants débutants qui ont passé deux ans en école normale d'instituteur avant d'enseigner font davantage progresser leurs élèves en mathématiques que les enseignants recrutés sur liste complémentaire et à qui l'on a confié une classe dès la réussite du concours".

Recrutement: abaisser le niveau à l'entrée et ne titulariser ensuite que les plus performants

Pour le CAS, cet ensemble de résultats justifierait donc de se pencher sur "la piste de l'amélioration de l'efficacité pédagogique des enseignants [qui] semble prometteuse". Pour aller dans ce sens, il propose plusieurs pistes de réflexion. D'abord sur la manière de recruter et de former les enseignants. Le directeur avance l'idée d'abaisser le niveau des exigences académiques à l'entrée et de ne titulariser, seulement deux ans après le démarrage, que "les trois-quarts des enseignants ayant le plus fait progresser leurs élèves (étant donné leur niveau initial, leur milieu d’origine, etc.)". Une idée qui risque de faire beaucoup de bruit, comme le pressent d'ailleurs Vincent Chriqui qui relève que "son acceptabilité par le corps enseignants est sans doute problématique". En outre, "son impact est relativement limité à court terme, puisque cette mesure ne concerne que les nouveaux enseignants et pas les enseignants déjà en place". Le CAS suggère aussi d'expérimenter une forme de rémunération des enseignants "au mérite" même s'il relève aussi les limites possibles: la difficulté à mesurer de manière fiable la performance d’un enseignant, les possibles mises en concurrence des enseignants entre eux au détriment d’une collaboration, les possibles manipulations de résultats, de démotivation des enseignants jugés les moins performants...

Enfin, le CAS suggère la mise en place des outils d'évaluation qui permettraient aux enseignants "de faire la part entre les bonnes et les mauvaises pratiques": "un indicateur de valeur ajoutée" pour les enseignants dont les élèves passent des épreuves nationales, "des questionnaires remplis par les élèves" et la mise en place d'une "forme de coaching, reposant sur des enregistrements vidéos de l'enseignant en situation (...) qui donnerait lieu à une discussion avec le coach [enseignant lui-même ou ex-enseignant] sur les gestes professionnels".

La note d'analyse 232 "Que disent les recherches sur l' 'effet enseignant'?" et la présentation de Vincent Chriqui sont téléchargeables ici

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