Le sociologue Raymond Boudon justifie-t-il une école méritocratique?
Paru dans Scolaire, Orientation le samedi 02 juillet 2011.
"Ce n’est pas parce que les enfants d’origine modeste ont en moyenne des performances scolaires inférieures qu’ils accèdent moins facilement aux niveaux scolaires les plus élevés", mais du fait de mauvais choix d'orientation, estime le sociologue Raymond Boudon, dans la présentation que donne le site "Skholè" d'une conférence que le sociologue a donnée en 1990.
Toujours selon le résumé qu'en donne le site, "l’influence des inégalités socio-culturelles sur la réussite scolaire existe", et elle "doit être autant que possible réduite, en agissant en particulier sur les débuts de la scolarité", mais les inégalités d’orientation scolaire "auront finalement beaucoup plus compté" dans le parcours scolaire d'un élève. "Ce que permet de comprendre l’analyse de Boudon, c’est que plus les points de bifurcation sont nombreux et décisifs, et plus les critères d’orientation sont de nature psycho-sociologiques – l’estimation subjective des risques - plutôt que scolaires et objectifs, plus l’influence du milieu d’origine produit ses effets inégalitaires sur les destinées scolaires."
Pour l'auteur de cette analyse, Julien Gautier, "si l’école française est particulièrement inégalitaire et reproductrice, ce n’est pas, si l’on en croit les analyses proposées ici, en raison de sa dimension excessivement 'méritocratique' voire 'élitiste', mais au contraire, dans une certaine mesure, du fait de son défaut de 'méritocratisme', défini comme le fait de lier étroitement l’orientation aux résultats scolaires. C’est pourquoi (...) on peut penser qu’une école scolairement plus exigeante (...) pourrait bien avoir pour effet de réduire l’inégalité des destinées scolaires, non de les perpétuer ou de les accentuer".
* Conférence donnée à la Fondation Saint-Simon, dans le cadre d'un cycle sur les politiques d’éducation organisé par Philippe Reynaud et Paul Thibaut, connus pour leur opposition aux théories pédagogiques.