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Quel avenir pour les "Coups de pouce CLE"? (Interview)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 20 mai 2011.

Jean-Jacques Moine, fondateur de l'Apféé, l'association responsable du  programme Coup de Pouce Clé, en quitte la présidence, et Robert Bourvis lui succède. ToutEduc a demandé au nouveau président d'honneur de  l'association comment il envisageait l'avenir de ces dispositifs  d'accompagnement à l'apprentissage de la lecture pour des enfants dont le seul handicap est de n'avoir pas des parents qui se sentent capables de leur apporter le soutien dont ils ont besoin pour bien réussir à l'école.

Jean-Jacques Moine : Il faut d'abord noter que 90 % des parents dont les enfants ont participé à un club "Coup de Pouce Clé" déclarent qu'ils se sentent capables de les aider les années suivantes. Ils ont compris qu'il n'était pas nécessaire d'avoir soi-même des connaissances scolaires pour apporter à un enfant le cadre et les encouragements nécessaires à sa réussite. Nous attendons cet automne le rapport d'étape de l'évaluation menée conjointement par l'École d'économie de Paris pour la partie quantitative et par les cabinets Aurès et Acadie pour la partie qualitative, le rapport définitif devant venir fin 2012. Mais, l'an dernier encore, pour les 9 346 élèves concernés, leurs enseignants, qui au premier trimestre estimaient qu'ils étaient en risque d'échec en lecture, constataient que 76 % d'entre eux étaient "bons" ou "moyens" lecteurs dès la fin de leur CP, et que 92 % étaient sortis de la "zone rouge".

ToutEduc: On fait souvent au "Coup de Pouce Clé" le reproche de coûter
cher.

Jean-Jacques Moine :  Le prix moyen de revient par enfant (une seule fois dans sa vie) est de 1 500 € dont 80% correspondent aux coûts de fonctionnement du club, pris en charge parfois, pour partie, par l'Éducation nationale grâce aux crédits de l'Accompagnement éducatif, et pour l'essentiel par la municipalité, avec des financements "politique de la Ville"; le reste correspond à la coordination des actions réalisée par l'Apféé avec ses "32 ICP", nos "ingénieurs Coup de Pouce Clé". Les coûts de gestion représentent 2% du total. Sachant que chaque enfant est pris en charge une centaine de fois dans l'année, pour des séances d'une heure et  demie, on est à 10 € par heure et par enfant. Ce coût est à comparer au coût total d'une scolarité jusqu'à 16 ans (environ 60 fois plus), dépensé pour partie en vain si le parcours scolaire est hypothéqué dès le départ par le non apprentissage en lecture. D'ailleurs, la mission d'évaluation commune aux trois inspections générales IGEN-IGAENR-IGAS estimait en 2006 que ce coût "reste modeste en regard de ce qu'on peut estimer être les coûts de l'échec scolaire et de la réinsertion sociale et professionnelle des jeunes"; à titre d'exemple, une année passée dans  un centre de l'Établissement public d'insertion de la Défense (EPIDE) coûte 30 fois plus cher.

ToutEduc. Comment se finance l'Apféé ?

Jean-Jacques Moine : Le travail de coordination réalisé par l'Apféé (l' "ingénierie" du dispositif) représente 300 € par enfant. Il n'engendre aucune dépense pour les municipalités car il est entièrement financé au niveau national. L'Apféé reçoit des soutiens de l'État, via la politique de la Ville et l'Éducation nationale. Ces soutiens ont été dramatiquement réduits au cours des deux dernières années (- 48 %) et nous avons dû procéder à des licenciements économiques. Nous avons également dû prélever dans nos réserves plus de 600 000 €. Mais nous avons survécu, et même très légèrement augmenté le nombre des enfants en "Coup de Pouce Clé", environ 9 700 pour cette année scolaire, en 270 villes.

Nous avons aussi des mécènes privés, soit directement, soit via le "Fonds d'expérimentation pour la jeunesse", créé par Martin Hirsch. C'est ce fonds qui finance l'évaluation en cours.

ToutEduc. Plusieurs acteurs semblent vouloir mettre l'accent, dans les mois qui viennent, sur la question des méthodes de lecture, et  insister sur les bénéfices de la "syllabique"... Quelle est votre position à ce sujet ?

Jean-Jacques Moine : Partenaires de l'État et de ses écoles, nous n'avons pas à prendre position à ce sujet. Quelle que soit la méthode employée par l'enseignant en classe, l'enfant a besoin, en dehors de la classe, d'un environnement favorable aux apprentissage. C'est cet environnement que les  animateurs créent, lorsque les parents ne s'en sentent pas capables, en permettant aux enfants du Coup de Pouce Clé de parler de leur journée, d'apprendre leurs leçons, de participer à des jeux de lecture et d'écriture et d'entendre lire une belle histoire, avec un goûter... Nous n'interférons jamais avec l'enseignant, notre action est complémentaire de ce qu'il fait. Regardons en face la réalité : quelles que soient les diverses méthodes de lecture employées par les enseignants, il y a toujours des enfants qui savent très bien lire et qui font de brillantes études.

ToutEduc. Quelles sont les ambitions de l'Apféé pour les années à venir ?

Jean-Jacques Moine : Nous devons ancrer auprès des décideurs publics et privés la  conviction que le Coup de Pouce Clé est une véritable "machine à casser la fatalité de  l'exclusion sociale". Nous espérons signer avec les ministères des conventions pluri-annuelles qui nous permettent d'inscrire notre  action dans la durée et d'augmenter ainsi progressivement les capacités d'accueil en Coup de Pouce Clé au cours des prochaines années.
 

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