Cordées de la réussite: comment ça marche? L'exemple de Dispo à Toulouse
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 17 mai 2011.
Les 101 élèves concernés par le programme "DISPO-Sciences Po Toulouse", labellisé "Cordée de la Réussite", et qui étaient candidats ont obtenu leur bac, pour les deux-tiers avec mention, et pour 7 avec mention "très bien". Vingt d'entre eux ont intégré une classe préparatoire l'année suivante. Ces données figurent dans le rapport d'évaluation 2006-2010 (téléchargeable sur le site de l'OZP). Le programme atteint donc ses objectif: "révéler et accompagner les ambitions d’élèves issus de milieux défavorisés" de 16 lycées et 2 collèges de Midi-Pyrénées. Il s’adresse cette année à 390 élèves boursiers de la 3ème à la terminale et s’organise en ateliers encadrés par une cinquantaine de professeurs et une centaine d’étudiants de Sciences Po.
Outre une présentation très détaillée des actions menées, organisées en projets et pour partie centrées sur l'expression orale, ce rapport permet de mieux comprendre comment fonctionnent les pesanteurs socio-culturelles, pour les élèves issus de zones urbaines sensibles ou de milieu rural, selon que les pères sont nés en France (62%), en Afrique du Nord, en Afrique sub-saharienne... Ceux qui habitent en ZUS et ont des parents originaires d’Afrique "ont des résultats scolaires moyens, et obtiennent le bac". Ceux qui habitent en milieu rural et ont des parents français ont souvent "peu voire pas d’ambition lorsqu’ils intègrent le programme" et se dirigent ensuite vers une classe préparatoire...
Mais le programme produit aussi "des effets qui n’avaient pas été anticipés": "Il induit des relations plus informelles entre élèves et enseignants (...) Il a des effets positifs en terme d’information à l’orientation au-delà du public cible (...) Il crée des dynamiques d’équipes pédagogiques internes aux établissements (...) et entre les établissements du programme (...). Il crée des dynamiques entre élèves (...) et entre élèves et étudiants (...) Il permet de décloisonner les niveaux d’enseignements et de créer des articulations entre le secondaire et le supérieur."
De telles expérimentations, souligne le rapport, "permettent, quand un petit nombre d’acteurs est prêt à jouer le jeu, un volontarisme qui peut bénéficier à l’ensemble de l’établissement", mais elles sont "fragiles": la "mobilisation des acteurs ne peut se faire uniquement et durablement sur la base de leur bonne volonté. Elle gagnerait à être organisée et reconnue par l’Institution (...) comme l’une des modalités à part entière de l’exercice du métier d’enseignant."