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À Grand-Charmont (Doubs), l'école d'autrefois racontée par des "anciens écoliers"

Paru dans Scolaire, Culture le lundi 09 mai 2011.

Jouer aux billes avec des boutons quand on n'avait pas assez d'argent pour s'en acheter, venir avec sa propre bûche pour chauffer la classe, écrire à la plume, les filles séparées des garçons, tous en blouse, les filles en jupe même pour faire du sport, un cartable en cuir, voire en carton pour les plus pauvres, et qui sert toute la scolarité, le bonnet d'âne pour ceux qui n'écoutaient pas, des tâches ménagères et de la couture pour les filles contre plus de maths pour les garçons... Ce lundi 9 mai 2011, à l'école élémentaire du Fort-Lachaux, une classe de CM1-CM2 découvre l'école telle qu'elle était de 60 à 80 ans auparavant. Si la naissance de l'école républicaine - publique donc gratuite, laïque et obligatoire dès les lois Jules Ferry - est au programme des CE1 et CM1, les élèves n'assistaient pas à un cours classique aujourd'hui. Quatre "anciens", âgées de 60 à 87 ans, sont venus parler de leur quotidien à l'époque.

À la base, l'idée, initiée par le centre social Trame, était de créer des rencontres intergénérationnelles et de cibler des personnes âgées éloignées des structures associatives pour favoriser la création de liens. Les trois écoles de Grand-Charmont ont adhéré au projet, au vu des thèmes de discussion envisagés, dont l'école d'autrefois. En tout, cinq classes vont profiter de ces échanges, du CP au CM2, entre début avril et mi-mai.

Du concret pour que ce soit interactif: questions-réponses, écriture à la plume, présentation de cahiers, photos...

"L'idée était que cela soit concret pour que ça parle aux gamins", explique de son côté Sylvie Billot du centre social. La rencontre démarre avec la présentation dans les rangs des photos de classes d'époque (la plus ancienne date de 1947). Lors d'autres interludes ce sont ensuite des cahiers, avec lignes d'écriture, cartes de géographie que l'on dessinait soi-même, carnets de notes... Et la rencontre se termine pour chaque élève avec son nom à écrire à la plume. C'est l'échange aussi, la formule des questions-réponses, qui permet vraiment que cela soit "interactif", poursuit Sylvie Billot. Toute anecdote est bonne pour rebondir, rire, s'étonner. "J'avais arraché les boutons à la maison pour pouvoir jouer aux billes", se souvient Joseph Bolletino. "Du coup, ma mère m'a frappé !" Rires... On leur raconte aussi qu'ils venaient tous à pied, qu'il y avait cours tout le samedi et congé le jeudi et une leçon de morale, écrite au tableau, tous les matins, une discipline "plus sévère, plus stricte" et que quand il y avait une punition, "en principe elle était doublée à la maison!" Si la règle sur les doigts n'étonne pas, le bonnet d'âne n'est visiblement pas connu, encore moins la punition qui consistait à rester à genoux deux heures sur des pois chiches!

Les a priori entre générations tombent

Dans la classe, les doigts sont levés durant l'heure et demie de rencontre, en permanence. Jusqu'à poser des questions telles que "y avait-il des dyslexiques à l'époque", "de l'aide personnalisée pour aider ceux qui avaient du mal"...? Pour l'enseignante, Fanny Munoz, c'était d'ailleurs l'un des objectifs recherchés en acceptant la rencontre, "leur faire se rendre compte de tout ce qu'ils ont et de la chance qu'ils ont". À l'époque, "rien n'existait pour détecter les dyslexiques", "pas d'orthophoniste", "pour certains, seulement une étude le soir avec l'instituteur pour faire des devoirs", bref "savait lire qui pouvait", résume Sylvie Billot.

Le centre social prévoit un bilan, même si "tout le monde est enchanté", et de renouveler l'opération ou tout autre projet permettant ces rencontres intergénérationnelles. D'autant qu'il n'y a pas que les enfants qui découvrent. Les personnes âgées sont frappées de découvrir les classes d'aujourd'hui, pleines d'équipements, où tout est affiché aux murs, des trousses bien remplies... Et les a a priori tombent. "Démystification de la personne âgée" côté jeunes, explique Sylvie Billot, l'acceptation des jeunes, plus bruyants et dissipés, de l'autre. "Nous avions proposé au départ des lectures à des maternelles, personne n'a voulu, arguant que les enfants ça pleure tout le temps et fait du bruit!" Aujourd'hui, "les anciens sortent tous des écoles avec un grand sourire".

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