J-P Terrail: refonder le système scolaire, de l'école jusqu'au lycée unique
Paru dans Scolaire le jeudi 28 avril 2011.
La cohérence du système éducatif "est profonde", et l’institution s’avère "capable de répondre complètement aux intentions de ses promoteurs de la fin des années 1950 : assurer une élévation sensible de la formation des jeunes générations, sans pour autant remettre en cause le caractère réservé (à une proportion croissante mais toujours strictement limitée des élèves) de l’accès aux savoirs élaborés de la culture écrite". Le sociologue Jean-Pierre Terrail évoque sur le site "Démocratisation scolaire" les conditions d'une refondation du système scolaire. Il écarte l'allongement à 18 ans de la scolarité, et critique sévèrement la logique du socle commun, tout comme les propositions élaborées pour le lycée au sein de la FSU. Il considère qu' "un enseignement primaire qui conduirait tous ses élèves à la réussite de leurs apprentissages élémentaires" permettrait d'éviter "de chercher les moyens de traiter la grande difficulté scolaire au collège, quels qu’ils soient, des SEGPA aux classes relais, des connaissances aux compétences, de l’école à l’apprentissage". Les élèves dès lors "souhaiteraient poursuivre leur scolarité au lycée dans la voie de l’enseignement général, considérant eux aussi que le collège est une étape vers la poursuite normale de leurs études au lycée" qui devrait être unique, comme l'est le collège.
Il analyse à cette occasion "le miracle" de l'école fondée par la 5ème République, capable "de permettre une relative transmission des savoirs tout en étant en son entier (..) tourné vers l’exigence du tri social (...) La possibilité de donner de mauvaises notes, de faire redoubler, d’orienter vers des classes d’enseignement spécialisé ou vers des classes de faible niveau, d’anticiper une orientation vers l’enseignement professionnel court, rend possible l’acceptation de l’échec des apprentissages et cautionne, à la fois pratiquement et symboliquement, le renoncement à l’éliminer (...) Cette cohérence est telle qu’elle ne permet d’espérer aucune amélioration significative tant qu’elle est en place" et seul l’objectif "de conduire tous les élèves au bac unique de culture générale et technologique" peut créer "les conditions d’une transformation des façons de faire dans les petites classes".