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Violence scolaire: "Faire de l’École la plaque tournante des services offerts aux jeunes en difficulté et à leurs familles."

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le jeudi 28 avril 2011.

Le ""rapport Debarbieux" sur la prévention du harcèlement à l'école fait 15 propositions, dont celle-ci: "Faire de l’École la plaque tournante des services offerts aux jeunes en difficulté et à leurs familles. L’enfance en danger, les publics en difficultés méritent mieux que des querelles de propriétaires, des empilements de dispositifs et l’illisibilité des politiques publiques (...) Les services offerts à l’enfance en difficulté doivent être mieux accessibles et regroupés dans des centres mutualisant les compétences (...) C’est le service à la communauté et à l’enfant qui doit primer sur toute autre considération."

Voici d'autres extraits significatifs de ce rapport, téléchargeable sur le site du ministère (ici).

"Une des formes de violence les plus fréquemment étudiées dans le monde est ce que les anglo- saxons nomment le 'School Bullying'  (...) Il s’agit d’une violence répétée, verbale, physique ou psychologique, perpétrée par un ou plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre, en position de faiblesse, l’agresseur agissant dans l’intention de nuire à sa victime."

"Le taux de victimes d’un harcèlement qui cumule violences répétées physiques et verbales à l’école peut être estimé à 11,7% des élèves, compris entre 4,9% d’élèves victimes d’un harcèlement sévère à assez sévère et 6,7% d’élèves soumis à un harcèlement modéré (...)"

"La période de restriction budgétaire et de suppression de nombreux postes d’enseignants ou de personnels spécialisés cause un malaise profond sur le terrain. C’est un premier point. Ce malaise se double d’une véritable souffrance au travail qui rend difficile toute approbation d’une réforme et toute charge supplémentaire qui serait induite par la lutte contre le harcèlement (...) Le problème est de ne pas considérer ces problèmes de harcèlement comme une 'charge de plus' dans le travail routinier de l’enseignement et de l’éducation, mais bien comme une partie intégrante de celui-ci. Ceci implique un changement de perspective radical, dans la définition des charges d’enseignement, dans la formation des enseignants, dans l’aide aux enseignants et dans l’évaluation des enseignants."

La 3ème proposition du rapport porte sur la "responsabilisation des médias et des opérateurs de téléphonie mobile et fournisseurs d’accès à Internet" puisque "les nouveaux médias sont une partie du problème et doivent être une partie de la solution".

La 5ème proposition porte sur "la formation prioritaire des personnels relais", IEN, directeurs d’école et personnels de direction du second degré. "Mais il s’agit tout autant des personnels existants qui doivent recevoir une formation spécialisée de très haut niveau à cet égard et être confortés dans leurs missions : les membres des RASED, les infirmières et médecins scolaires, les membres des équipes mobiles de sécurité, les CPE (...) Au niveau des personnels de santé une mesure est facilitatrice : les postes d’infirmières scolaires 'mixtes' (école/collège) facilitent le suivi des élèves, et contribueront à éviter les difficultés liées à l’entrée au collège où le harcèlement subi en primaire peut prendre une nouvelle ampleur."

C'est la proposition suivante qui fait couler le plus d'encre, parce qu'elle comprend une critique de la formation initiale des enseignants et de la masterisation. "Nous avons proposé, en particulier, qu’un module de formation préprofessionnelle par an soit proposé aux étudiants en L3, M1 et M2. Ces modules ne sont pas destinés à la seule violence à l’École ou au harcèlement, il s’agit d’une formation aux savoir-faire professionnels de base et à la connaissance des publics en difficultés (...) Les universités doivent être responsabilisées sur ce point. Les avancées sont infimes depuis un an. Nous ne pourrons sans doute pas faire l’économie d’une conférence nationale sur la formation initiale des enseignants impliquant les présidents d’université (...) La création d’un Haut conseil à la formation pourrait être à l’ordre du jour pour sortir de l’ornière : sa tâche serait consultative, sans doute, mais pourrait être aussi de recensement et de labellisation des formations existantes, y compris hors de l’institution (...)"

"Ce principe modulaire doit également être appliqué à l’intersection de formations communes aux professionnels de l’enfance et de la jeunesse, et doit pouvoir être pris en compte de la même manière dans des parcours différenciés du travail social et de l’éducation spécialisée, pour faciliter les partenariats ultérieurs (...)."

La 11ème proposition porte sur la place des élèves et des parents dans la prévention: "Au niveau du second degré et, en particulier, au lycée, le rôle des délégués élèves peut être important (...) Les formations de délégués mises en place par l’APHEE (Association pour la prévention du harcèlement entre élèves à l’École) ont une valeur exemplaire qui mérite d’être encouragée, mais elles ne trouveront toute leur utilité que si elles s’accompagnent d’une sensibilisation des personnels et en particulier des chefs d’établissement.  Ces formations pourraient s’étendre aux délégués de parents par le biais des fédérations de parents, des écoles des parents, au niveau local et national (...)"

Eric Debarbieux conclut: "Le temps de l’action ne pourra se limiter à des effets d’annonce, le sujet est trop grave, l’attente trop forte, l’espoir trop important. J’ai insisté plusieurs fois sur la nécessité d’un consensus. Est-ce impossible ? Devons-nous nous déchirer en France au détriment des victimes ? Sommes-nous capables d’être collectivement responsables ? Le problème n’est pas simplement : quelles mesures prendrons-nous ? Mais comment les inscrirons-nous dans la durée ? Comment ne sombreront-elles pas avec les guerres civiles de la démocratie que sont devenues les élections ? Faudra-t-il tout remettre à l’ouvrage, et, une fois de plus, perdre cette occasion ?
En avons-nous le droit ?"

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