Lutte contre le décrochage: les préconisations des Pays-de-la-Loire
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 26 avril 2011.
"De multiples dispositifs ont été progressivement mis en place pour lutter contre le décrochage des jeunes (...) Néanmoins, il reste toujours trop de cas de décrochage et trop de jeunes quittent leur formation initiale sans même avoir acquis les savoirs de base", constate le Conseil économique, social et environnemental des Pays-de-la-Loire qui compte dans la région 2 000 jeunes "décrocheurs". Le rapport, adopté par 56 voix contre 14, porte sur "les sorties sans qualification du système éducatif" et sur les solutions que la Région pourrait initier. Le CESER avait été saisi par le président de la Région "dans le cadre de la préparation du schéma régional des jeunesses", mais il rappelle d'abord à l'Etat ses responsabilité en matière d'enseignement. Premier levier identifié, l'orientation qui "devrait être le moment de valorisation de ce que le jeune a déjà accompli ou de ses attentes". Il anticipe les échecs que va générer la réforme du "bac-pro", et demande que soit mis en place "un dispositif régional d'observation". Toutefois, la Région doit elle-même "imaginer des interventions nouvelles portées avec d’autres acteurs". Il évoque ainsi le développement d'internats, qu'il préfère appeler "hébergement polyvalent".
Le CESER estime par ailleurs que "l'accueil en apprentissage de jeunes de faible niveau, ne maîtrisant pas les savoirs de base, devrait être mieux pris en compte dans le fonctionnement des CFA" (Centres de formation des apprentis). En entreprise, les tuteurs "devraient tous bénéficier d'une formation obligatoire", et pourraient être écartés s'ils sont trop souvent impliqués dans des ruptures de contrat. Il préconise aussi la promotion de "la découverte des métiers à travers différentes actions telles que 'l’outil en main', 'la semaine du goût', 'les artisans messagers' (bâtiment) et les 'semaines de l’artisanat' ".
La Région pourrait contractualiser "avec l’Education nationale l’élargissement du champ du livret de compétences scolaires aux compétences extra-scolaires acquises soit dans des activités associatives, soit dans des 'petits boulots' " et favoriser ainsi l'émergence, pour les décrocheurs, d'une meilleure image d'eux-mêmes. Elle pourrait de même ouvrir le soir les lycées à ceux qui ont arrêté leur scolarité depuis au moins un an, y compris des adultes volontaires pour reprendre leurs études: "Un tel lycée existe à Nantes depuis 2008 et obtient des résultats très encourageants puisque en 2009-2010, 87% des élèves qui ont passé les épreuves ont obtenu le bac, dont 50% avec mention". Plus généralement, le CESER plaide pour la création d'un "droit à la formation initiale différé". Il considère notamment que les écoles de la deuxième chance "sont devenues un acteur précieux et reconnu", et que la Région pourrait en compter "cinq ou six", mais qu'elles doivent "développer des liens plus forts avec les entreprises pour assurer des débouchés sur l'emploi", qu'il s'agisse de PME, de TPE ou de grands groupes "menant des politiques en faveur de l'insertion". Le rapport signale que la Région Aquitaine lance une expérience s'inspirant des E2C avec le groupe de BTP Eiffage.
Le rapport liste aussi tous les dispositifs de lutte contre le décrochage scolaire.