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Citoyenneté : 328 collégiens de Montbéliard (Doubs) s'initient au fonctionnement des institutions de leur ville

Paru dans Scolaire, Culture le lundi 18 avril 2011.

Il est 13h45, ce vendredi 15 avril 2011 : ils sont 9 collégiens, accompagnés de leur enseignante d'histoire-géographie, assis à la table où se prennent chaque semaine, dans la Mairie de Montbéliard, les décisions sur les questions courantes. Après une succincte présentation de l'histoire des communes, de leur fonction et de l'actuelle mandature, Laurent Labydoire, chargé de communication, propose à ces jeunes de s'exercer à la difficile prise de décision collective, sur un appel d'offres "factice". C'est pour cette équipe, l'une des 32 des 4e et 3e des 3 collèges publics de Montbéliard (Brossolette, Pergaud et Guynemer), la première étape du "Rallye citoyen" qu'ils doivent effectuer dans la ville.

Chaque équipe d'une dizaine de jeunes constituées en fonction d'une thématique retenue, vont ainsi au-devant d'une dizaine d'institutions, associations, organisations... Quatre circuits sont possibles : "Institutions" qui réunit, outre la Ville, Pays de Montbéliard Agglomération, la sous-préfecture, le commissariat, les sapeurs-pompiers, l'Association d'aide aux victimes d'infraction pour l'aspect justice; "Culture" qui regroupe la Médiathèque, les Archives, le Conservatoire, le Centre régional d'art contemporain "10neuf", le musée du château...; "Sports et loisirs" qui permet notamment l'entrée dans de nombreux équipements municipaux (piscine, gymnases, etc.); et "Sciences" qui permet leur découverte au travers de jeux et activités organisés par le Pavillon des sciences et l'aéroclub notamment.

La meilleure des informations, c'est de leur montrer ce qui se passe

Objectif de ce rallye : "faciliter l'intégration des jeunes dans la ville et les sensibiliser à la vie citoyenne et aux institutions", explique Laurent Labydoire. Il a été pensé par le Conseil de quartier Est animé par des habitants bénévoles, l'un des trois conseils de quartier créés par la majorité en place depuis 2008 dans le but "d'associer la démocratie participative à la démocratie représentative", explique l'adjoint au maire, Abdelaziz Sekri, chargé notamment de la démocratie locale. Il a été ensuite monté grâce à l'appui logistique et la coordination du service Enfance-Jeunesse de la Ville - déjà labellisée Amie des Enfants par l'Unicef -.

Pourquoi les ados ? "Un jour nous avons eu cette réflexion d'une mère de famille 'il ne se passe rien pour les ados'", explique l'une des conseillères de quartier, Danielle Pheulpin. "En fait, ils ont surtout une méconnaissance de ce qui se passe dans la ville. Nous avons voulu ainsi leur faire découvrir des lieux devant lesquels ils passent tous les jours mais qu'ils ne fréquentent pas et dont ils ne savent pas forcément ce que c'est, et la richesse des services qu'il leur est proposée. Il faut les informer et la meilleure des informations, c'est de leur montrer ce qui se passe !" Faire le rallye avec les collèges permettait par ailleurs de viser beaucoup de jeunes, "les plus difficiles à attraper".

Apprendre en faisant

Les jeunes semblent "attrapés" à tous points de vue. Ils jouent le jeu. À la Mairie, les premiers élèves ont débattu allègrement sur le projet soumis par la Ville, aménager un rond-point sur le thème de "la libre expression" dans le cadre de la semaine en faveur des droits des enfants. Leur ont été soumises trois propositions d'artistes, techniquement et financièrement différentes allant de 15 000 à 30 000 euros. "À vous de choisir en prenant en compte la capacité d'expression - que cela symbolise bien le thème -, les aléas techniques, la sécurité par exemple vu que c'est au milieu d'un rond-point, et le plus important, les contraintes budgétaires sachant que l'argent on n'en dispose pas en veux-tu, en voilà !" C'est ainsi que Laurent Labydoire leur a posé le cadre. Certains argumentent pour le cahier géant où tout le monde pourra écrire un message, d'autres pour le stylo, "symbole de la liberté d'expression". "Il n'y aura pas forcément de passage piéton", argumente un collégien qui est contre le cahier, "et ils risquent d'écrire des blagues". "Il vaut mieux ça que sur un mur !", répond Selen qui défendra son point de vue jusqu'au bout même si c'est l'autre projet qui l'emportera par un vote. "Le plus dur c'est de se mettre d'accord", retient-elle d'ailleurs à la sortie, elle qui, comme les autres, ne savait jusque là "absolument pas comment ça se passait pour prendre ces décisions". L'enseignante, Valérie Antegnard, est de son côté agréablement "étonnée car ils ne se sont pas du tout jetés sur l'écran géant, alors que c'est la génération internet, et ils ont relevé que c'était le projet le plus cher !"

"Ils peuvent ainsi mesurer toute la difficulté d'une prise de décision collective qui doit répondre à la fois à un objectif d'animation mais aussi permettre de faire passer un message à la population tout en respectant un cadre budgétaire", poursuit Laurent Labydoire. Quant à l'approche "elle n'est pas forcément très approfondie", poursuit-il, "sachant que les institutions sont connues au travers des cours mais peu dans la vie quotidienne. Au mieux, les élèves ont pu aller à l'État civil... L'objectif n'est pas de donner un cours de civisme ou d'histoire mais de leur montrer, via une approche ludique, tout en étant pédagogique, comment fonctionnent les institutions et structures dans lesquelles ils vont naviguer".

C'est voulu, ici "on apprend en s'amusant", comme le remarque Ali Hamraoui, un enseignant en mathématiques. Partout sur les étapes, on a voulu éviter le discours pour permettre aux jeunes "d'être actifs et de faire l'apprentissage de la citoyenneté, de la culture, des sciences, du sport, par le ludique. Parce que s'il y a du plaisir, ils auront envie de revenir", estime Danielle Pheulpin. D'où du badminton dans un gymnase, un atelier de prise d'empreintes dans un fourgon du commissariat, l'aéroclub qui leur montre comment un avion décolle avec le vent et comment on le dirige, des nœuds marins à réaliser à la Capitainerie du port... Au Centre régional d'art contemporain, ils ont un jeu de piste : sur la base des détails d'œuvres, ils doivent les retrouver, "un prétexte pour regarder avec attention ces dernières", note Jean-Marie Boizeau en charge des publics au "10neuf". Et ça marche, puisque les collégiens ont été marqués par une "tête découpée, un homme avec une grosse balafre..." et trouvé ça plus intéressant qu' "au Louvre [où] il y trop de choses à voir". Ils ont appris en outre ce qu'est un centre d'art contemporain, "non figé par des collections comme un musée et où les expos changent", poursuit Jean-Marie Boizeau, que "les artistes sont pour beaucoup vivants", "pas nécessairement confirmés", retiennent de leur côté les jeunes. Au musée du château, ils reconstituent une jarre après avoir découvert ce que sont les métiers de l'histoire, archéologues, restaurateurs, etc. Au Pavillon des sciences, collégiens mais aussi enseignants sont frappés d'apprendre qu'il y avait des mammouths et des bisons ici-même, qu'il faisait 5 degrés toute l'année... Ici, comme dans la plupart des sites visités, "c'est mieux qu'un cours", parce que "ce ne sont pas des vitrines, on peut toucher, c'est interactif", note Julien, autre collégien de Guynemer. "Ça donne envie d'apprendre", confirme Fanny, "parce qu'on n'est pas assis sur une chaise, on nous montre vraiment ! "

Faire se rencontrer élèves du centre ville et ceux de la ville qui "par a priori, se détestent"

Ce rallye a une autre finalité, "faire se rencontrer des jeunes issus de quartiers très différents, promouvoir la mixité, la cohésion sociale", poursuit la conseillère de quartier, "casser les barrières" entre ceux du centre ville et ceux de la ZUP "qui ne se fréquentent pas" et "par a priori se détestent", regrette une enseignante en SVT de Guynemer, Christine Winieski. Un embryon de rencontre qui devrait se poursuivre via un blog alimenté à la fois par les partenaires qui présentent leurs sites et activités et où les élèves pourront restituer leur récit de cette journée.

Cette toute première édition pourrait être renouvelée sur une organisation biennale. En attendant, le prochain rendez-vous est fixé en décembre pour une restitution du rallye et une récompense pour les meilleures équipes qui auront dû résoudre des énigmes et répondre à des quizz à différentes étapes de leurs parcours.

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