Le collège fonctionne bien pour la moitié des Français (sondage CSA pour l'APEL)
Paru dans Scolaire le mardi 05 avril 2011.
Le collège ne fonctionne "très bien" que pour 4% du millier de personnes interrogées par l'institut CSA pour la Croix et l'APEL. L'association des parents d'élèves de l'enseignement libre organisait ce mardi 5 avril un petit déjeuner pour en commenter les résultats et "inventer le collège de demain", une nécessité puisqu'il fonctionne "très mal" pour 18% des 335 parents interrogés ("mal" pour 27%), que "beaucoup d'élèves maîtrisent mal les fondamentaux" en 6ème (81%), que les jeunes s'ennuient au collège (53%) et qu'ils y sont mal préparés à la suite de leur scolarité et à leur insertion professionnelle (46%).
La solution qui s'impose pour 81% des personnes interrogées est la création de "parcours plus individualisés", une solution à laquelle Claude Lelièvre, historien de l'éducation, est très favorable (voir son blog), à la condition qu'elle n'aboutisse pas à la reconstitution de filières. D'ailleurs, plus des deux tiers des personnes interrogées estiment qu'un élève "devrait pouvoir suivre un cours de troisième en maths et un cours de 5ème en français". Mais, de façon peut-être contradictoire, pour les trois quarts d'entre eux, "il faudrait instaurer un examen d'entrée au collège". Le député UMP Xavier Breton s'interroge: que fait-on de ceux qui auront échoué? Claude Lelièvre y voit l'expression de la peur et de l'angoisse que suscite le collège. André Giordan (université de Genève) propose que dans un même lieu, soient offertes aux enfants des possibilités très diverses, y compris un enseignement professionnel ou par alternance, mais aussi qu'on réfléchisse aux savoirs qui sont vraiment importants, et qui ne sont pas au collège. Quant à ceux qui y sont, ils ne sont pas adaptés. Les mathématiques, telles qu'elles sont inscrites au programme, "bloquent la pensée".
Comment en sortir? Au cours de cette rencontre, la psychologue Jeanne Siaud-Facchin fait valoir que les acquis des sciences du cerveau permettent d'affirmer "qu'on n'apprend pas de l'échec", mais de "la jubilation" que génère la réussite, et le fait d'avoir surmonté des difficultés. Le débat qui a suivi témoigne aussi de la difficulté de passer de ces constats à des propositions partagées. Ainsi, pour Yvan Lachaud (député NC), le collège unique "reste une utopie" et on n'arrivera jamais au succès pour 100% d'une classe d'âge. Il faudrait, selon lui, permettre à certains de sortir plus tôt et d'aller vers des formations professionnelles.
De nombreuses expériences existent, elles ne sont pas évaluées ni mutualisées. Les outils numériques créent une espérance nouvelle, et la pédagogie peut évoluer. Si on voit bien quelles pourraient être les modalités d'invention de ce collège, de nombreuses interventions ressort la nécessité d'un débat démocratique sur les finalités mêmes de l'enseignement obligatoire.