L'Internet n'est pas un outil magique pour l'enseignement à distance (recherche canadienne)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 04 avril 2011.
"Les nouveaux outils d’apprentissage encouragent-ils réellement la performance et la réussite des étudiants?" C'est à cette question que tente de répondre Jean Loisier dans un "document préparé pour le Réseau d’enseignement francophone à distance du Canada", téléchargeable sur son site (ici): "Comme bien des chercheurs, même si nous pensons que toutes ces nouvelles technologies agrémentent notre quotidien, nous ne pouvons trancher sur leur efficacité à mener les cohortes d’étudiants en FAD [formation à distance] plus sûrement à la réussite qu’à l’époque des 'cours par correspondance'."
Ce document d'une centaine de pages fait "un recensement des outils actuellement disponibles" et une "synthèse des synthèses" que les grands organismes ont produites ces dernières années. "Le volume de publications sur le sujet de l’efficacité des nouvelles technologies est semble-t-il en croissance. Est-ce le signe que, face aux discours emphatiques des vendeurs et des mordus de technologies, les responsables politiques et institutionnels s’interrogent sur l’opportunité de suivre le rythme qu’imposent les créateurs de produits et services numériques?".
Le chercheur constate en effet, au terme de cette revue de la littérature mondiale, "qu’il ne faut pas chercher dans les technologies la recette de l’élévation du taux de réussite des apprenants. Les facteurs de réussite sont ailleurs : d’une part, dans la personnalité de l’apprenant et, d’autre part, dans l’art du pédagogue qui le guide et l’accompagne." C'est "la qualité de la relation tutorale qui est la clef [de la réussite], quel que soit le canal par lequel elle s’établit et se maintient". L'outil n'a pas, par lui-même, "de vertu pédagogique".
Pour conclure, il cite la chercheuse française Sandra Enlart qui constate que l'élite, lorsqu'il s'agit de ses enfants, ne considère pas "qu’Internet et les jeux vidéo remplacent avantageusement le latin ou le grec", puisqu'elle "ne raisonne pas en termes d’utilité" mais d'habitus.