Pour 95% des Français, la "jeunesse" doit constituer l’une des priorités de 2012. (Observatoire de la jeunesse solidaire).
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 30 mars 2011.
La question de la jeunesse doit-elle prendre place dans le débat politique, à la veille d’un scrutin présidentiel ? 95% des Français sondés en 2011 considèrent que cette question doit constituer l’une des priorités de la campagne. Plus précisément, 54% des sondés estiment "très importante" cette question, 41% la déclarant "plutôt importante". Ces chiffres sont révélés par l'Observatoire de la jeunesse solidaire, qui publie, pour la troisième année consécutive, son rapport sur la perception des jeunes par les Français. L'observatoire, mis en place par l'Afev, est parrainé par Cécile Van de Velde, sociologue spécialisée dans l'étude de la jeunesse, des âges et des générations en Europe.
Le chiffre s’élève lorsque l’on avance dans la pyramide des âges : 51% des 25-34 ans jugent la question "jeunesse" très importante, dans une perspective électorale. Ils sont 53% des 35-49 ans, et 60% des 50-64 ans. "Les parents et les grands-parents, investis dans la construction de l’avenir de leurs descendants, attendent des prises de position de la part des décideurs politiques", analyse l'Observatoire. Parallèlement, les personnes "inactives" répondent massivement "très importante" (54 et 58%).
L'étude établit que les inégalités entre jeunes sont perçues comme "croissantes". Pour 84% des français, les jeunes ne disposent pas tous des mêmes chances de réussir socialement. 85% estiment que ces inégalités se sont creusées au cours des dernières années. Pour quatre sondés sur cinq, le domaine de l'insertion professionnelle constitue un terreau d’injustice sociale, suivi ensuite des domaines de l’autonomie financière, de la réussite scolaire (trois sur cinq), et, enfin, de l'accès à la vie citoyenne (deux sur cinq).
En regard, 88% des français estiment que les jeunes ne peuvent compter que sur "leurs efforts pour surmonter les difficultés". Le rapport évoque un discours "relativement schizophrène", puique environ deux Français sur trois reconnaissent le poids crucial de déterminants sociaux extérieurs, comme l’origine sociale (68%) ou encore le lieu d’habitation et l’établissement scolaire (64%).
Les Français se montrent plus sèvères sur les jeunes des quartiers populaires qu’à l’égard de la jeunesse en général. Trois Français sur quatre ont une image positive des jeunes en général, deux sur cinq portent un regard positif sur les jeunes issus des quartiers populaires. Les notions d’irrespect et de délinquance sont les premières invoquées. "Les personnes sondées soulignent principalement l’image négative de ces jeunes véhiculée par les médias - qui constituent, pour ceux d’entre eux résidant à distance confortable desdits quartiers, la seule source d’information sur le sujet -, ou l’impression selon laquelle ils seraient 'tous des délinquants', des drogués, des troubles à l’ordre public".
Ceux qui livrent un jugement positif à l’égard des jeunes issus des quartiers populaires signalent qu'ils les côtoient. "Ils signalent ce fait comme une preuve supplémentaire du filtre déformant utilisé à leur sujet par les médias", commente le rapport.
L’Observatoire de la jeunesse solidaire s’appuie sur un réseau de chercheurs et d'organisations de la jeunesse, comme l’Observatoire de la décision publique, l’Observatoire des inégalités, l’Observatoire de la Fondation de France, l’Anacej et l’Injep.