Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

La sénatrice Fabienne Keller se penche sur les collège des ZUS.

Paru dans Scolaire le mercredi 16 mars 2011.

"Le scénario du pire", voilà ce qui, selon Fabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin, doit être évité. Elle présentait mercredi 16 mars un rapport d'information sur "l'avenir des années collège dans les territoires urbains sensibles". Le rapport, réalisé au nom de la délégation sénatoriale à la prospective, imagine plusieurs évolutions possibles des collèges des ZUS et propose des leviers d'action:  "Ces scenarii éclairent et décrivent ce qui peut advenir dans les années à venir, pour susciter des réactions et provoquer des réflexions, pour faire obstacle à telle ou telle tendance décelable", précise F. keller, suivant l'idée qu'"une bonne prospective vise à aider les décideurs en facilitant leur projection dans le temps".

  La démarche s'appuie sur de nombreuses visites de terrain en Seine Saint Denis, à Roubaix, à Marseille et à Montbéliard, et sur des auditions d'éducateurs, sociologues, élus locaux etc.,  qui font l'objet d'un blog sur le site du Sénat.

De ses contacts avec ces quartiers, leurs familles et leurs enseignants, la sénatrice retient une "formidable énergie", qu'il faut "reconnaître". "Tout l'enjeu, souligne t-elle, est de guider cette énergie vers un projet d'avenir positif dans une démarche constructive". Le rapport dresse un bilan plus sombre des conditions économiques, sociales et démographiques qui concernent les jeunes: En 2009, le taux de chômage en ZUS s'élève à 41,7 % des 15-25 ans contre 19,1% hors ZUS. 

Trois scenarii hypothétiques sont proposés, du moins optimiste au plus favorable: Le premier est celui de l'enfermement du quartier sur lui-même, avec pour conséquence la prise en main de la vie sociale par les réseaux mafieux ou religieux radicaux, "au profit d'une organisation communautariste". Le second est celui du "statu quo", au prix de l'engagement continu de l'Etat: " L'Etat providence permet toutefois de maintenir une relative paix sociale". Le scénario 3 est présenté comme le plus positif: "La vocation très sociale des quartiers a été antérieurement assumée. Des services publics denses et adaptés ont été mis en place".

Pour éviter les scénario du pire, Fabienne keller appelle à "un travail transversal", porté et réalisé "par tous les acteurs de terrain", "accordés sur des enjeux communs". Elle insiste aussi sur la nécessité d'agir "simultanément" sur divers leviers.

Une vingtaine de leviers sont identifiés, qui portent à la fois sur la politique de la ville et la politique éducative. La santé, surtout dans sa "dimension psychologique", est un premier moyen d'action pointé. Viennent ensuite l'"innovation en pédagogie", basée sur les TICE, le sport, l'interdisciplinarité; les travaux de rénovation urbaine, et bien sûr l'emploi. Le rapport propose l'organisation de stages "variés" et socialement "décloisonnants", dès la classe de troisième. "Il faut sortir des stages à la sandwicherie du coin".

Concernant la politique de la ville,la désignation d'un chef de file est jugée "indispensable", pour organiser en cohérence les différents comités de pilotage et techniques, "indépendamment des financeurs, maitres d'ouvrage, Anru etc".

La revalorisation de la place et de l'image des femmes est un autre levier, notamment en matière de sexualité et plus largement de "rapport au corps". De même que la formation d'une "mémoire". Il s'agirait d'ouvrir une reflexion sur la double culture et la religion, mais aussi de proposer des manuels d'"histoire commune", sur le modèle du manuel d'histoire "franco-allemand".

La sénatrice reste floue s'agissant de préciser quelle place la religion doit tenir à l'école : ""Ne prenons pas de décisions hâtive, par exemple sur les menus des cantines. Parlons-en. Un temps du dialogue et d'échange est nécessaire".

Même flou quant à la place et la responsabilité des familles dans l'accompagnement des jeunes:  "Ce qui est clair, c'est que l'enfant a besoin de référentiels positifs. Quand la famille est décrédibilisée, d'autres intervenants doivent prendre le relais".

Interrogée, enfin, sur la question des moyens et notamment la baisse du nombre d'enseignants, Fabienne Keller estime que celle-ci n'est assurément pas "la clef du problème". "Si les moyens étaient la solution, nous le saurions, depuis le temps qu'on les augmente dans les quartiers sensibles". En lien, elle évoque une certaine "accumulation" des programmes, sans "nécessaire cohérence", et soulève la question de l'évaluation des dispositifs. 

 Le rapport a  été adopté, le 10 mars, à l'unanimité par la Délégation sénatoriale à la prospective.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →