Réforme du lycée: "des évolutions fortes mais fragiles"
Paru dans Scolaire le mardi 15 mars 2011.
Des COM, conventions d'objectifs et de moyens, seront passées à la prochaine rentrée entre chaque académie et le ministère, puis entre chaque lycée et le rectorat. C'est la principale annonce faite par Luc Chatel ce 15 mars, à l'occasion de la remise du rapport (téléchargeable) des deux inspections générales sur la "mise en oeuvre de la réforme des lycées d'enseignement général et technologique". Catherine Moisan (IGEN)
a eu cette formule qui pourrait résumer la tonalité d'ensemble, "des évolutions fortes, mais fragiles".
Ainsi, à propos de l'accompagnement personnalisé, les auteurs du rapport notent que "dans certaines séances, on retrouve l'attitude classique qui consiste à quasiment souffler la réponse à l'élève (...) sans lui faire expliciter son cheminement" tandis que les inspecteurs ont "pu observer des séquences remarquables", le professeur changeant de "posture": "tout vient des élèves". Le ministre reconnaît spontanément cette hétérogénéité dans la mise en oeuvre de la réforme, et ajoute: "parfois, on a acheté la paix sociale" en faisant de cet accompagnement des demi-groupes disciplinaires. La nuance est d'autant plus délicate à saisir que l'inspection conçoit difficilement un enseignement méthodologique sans inscription disciplinaire. Si, commente le ministre, des "pionniers ont su s'emparer" de cette nouvelle logique, d'autres n'y étaient pas préparés. Il demande donc que les "plans académiques de formation" soient prioritairement axés sur ces enseignants, avec des formations sur site. De même, il a demandé à l'ESEN (l'Ecole des cadres de l'Education nationale) d'accompagner les chefs d'établissement. Les inspections elles-même doivent développer "une nouvelle culture" pédagogique, centrée sur les besoins des élèves.
Le rapport met aussi l'accent sur les enseignements d'exploration, qui "sont encore imprégnés de la logique de pré-orientation" des anciennes options, et sont choisis en fonction des projets de poursuite d'études. "Si des professeurs ont parfaitement compris l'opportunité offerte pour donner goût aux élèves et travailler sur leur motivation, d'autres ne voient pas la différence par rapport à un enseignement traditionnel."
"La réforme est en marche." Luc Chatel sait qu'elle suscite "des débats, des interrogations, des réticences", mais se réjouit que ce ne soit jamais l'indifférence.