Les filles, peu douées en maths? Un stéréotype intériorisé dès les petites classes. (recherche américaine)
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 11 mars 2011.
Les enfants du primaire sont-ils déjà porteurs du stéréotype selon lequel "les filles ne sont pas faites pour les mathématiques"? Oui, répond une équipe de chercheurs américains (Université de Washington), qui présente une étude provocatrice dans la prestigieuse revue Child Development. "Les stéréotypes de genre sont à l'oeuvre chez les enfants dès le 1er et 2nd degré", établissent-ils.
La recherche se base sur les résultats d'un test dit "d'associations Implicites" (TAI), qui permet de mesurer l'association inconsciente de deux concepts ou idées dans l'esprit des individus. Objectif des chercheurs: mettre à jour des "stéréotypes implicites" chez les plus jeunes, autrement dit, portés "inconsciemment".
Au cours du test, l'enfant se voit présenter des mots au milieu d'un écran d'ordinateur. D'un clic de souris, il est invité à réunir des noms de garçon ET des mots associés aux mathématiques, en les plaçant à gauche de l'écran. Les noms de jeune fille ET les mots associés à la lecture doivent être regroupés à droite de l'écran. Dans un second temps, la combinaison inverse lui est demandée (filles/mathématiques et garçons/lecture).
"La conclusion est importante: Les garçons sont plus rapides quand il s'agit de placer des mots de mathématiques et des noms de garçon du même côté de l'écran, plus lents lorsqu'il s'agit de ranger des mots de mathématiques et des noms de fille du même côte de l'écran". Pour les chercheurs, cette rapidité d'exécution est à relier aux représentations mentales prééxistantes chez ces garçons.
Cette observation se retrouve à l'identique chez les filles. "Au final, il est plus évident et facile pour les deux sexes de lier les notions de 'garçons' et de 'mathématiques' que de relier les concepts 'filles' et 'mathématiques'. Ceci est perceptible dès le 1er et 2nd degré".
Or, à ce niveau de scolarité les filles réussissent aussi bien que les garçons en mathématiques. "Ceci suggère que le stéréotype n'est pas simplement un reflet de la performance réelle des enfant, mais une conséquence du processus de socialisation, qui commence très tôt", ajoutent les chercheurs, qui soulignent l'impact des représentations de la mère sur celles des jeunes enfants: "dès l'élémentaire, les mères ont tendance à sous-estimer les capacités mathématiques de leurs filles et à surestimer celles de leurs fils: Cela a un impact majeur sur la perception des enfants".
Cvencek Dario, Andrew N. Meltzoff, et Anthony G. Greenwald (2011): Les stéréotypes de genre en Mathématiques à l'école élémentaire, Child Development Review.