Discours sur l'éducation: un retour aux années 1950 en Suède et en Europe? (Recherche suédoise)
Paru dans Scolaire le mercredi 09 mars 2011.
"L'argument selon lequel l'éducation devrait contribuer à la démocratie ou à la solidarité est en perte de vitesse", établit une thèse de l'Université de Göteborg (Suède), à partir de l'étude des rapports gouvernementaux et des projets de loi suédois, du contenu des examens des professeurs stagiaires de Suède, mais aussi des textes de la Commission européenne, des années 1940 jusqu'à aujourd'hui. L'auteur, Lena Sjöberg, livre un examen critique de ces divers documents officiels, et observe l'évolution de la figure de l'élève idéal et du professeur idéal sur cette période: "Ils sont censés aujourd'hui être naturellement curieux et avoir une volonté d'apprendre, être mobiles, flexibles, créatifs et productifs. Ces compétences sont définies en tant que moyen d'accroître la compétitivité économique de la Suède."
Les documents révèleraient également, selon la chercheuse, une absence de consensus sur la façon dont la personnalité professionnelle d'un enseignant se forme. "Du milieu des années 1960 jusqu'au début des années 1980, les documents suggérent que la formation des enseignants peut façonner la personnalité de l'enseignant".
Un point de vue opposé, exprimé dans le rapport 2007 sur la formation des enseignants du gouvernement Suédois, fait valoir que les enseignants doivent avoir une aptitude innée pour la profession: "Aussi bonne soit la formation, elle ne peut faire à elle seule le bon professeur, celui dont les enfants et les élèves ont besoin, si ce dernier ne possède pas des prédispositions essentielles pour la profession", indique le rapport, cité par la doctorante.
"Il s'agit là d'un écho au discours tenu au milieu du 20e siècle", constate Sjöberg. "Il a également été affirmé, à cette époque, que les enseignants doivent avoir une prédisposition naturelle au métier."
Il y aurait donc, selon la thèse, des parallèles entre les discours tenus au milieu du 20e siècle et aujourd'hui. Celle-ci fait état toutefois d'"une grande différence": "À l'époque, les écoles étaient considérées d'abord et avant tout comme un vecteur de démocratisation. Aujourd'hui, une rationalité économique prévaut plutôt, l'objectif de l'éducation est principalement d'accroître la compétitivité nationale dans l'économie mondiale et, idéalement, de placer la Suède en tête des classements internationaux. Ce changement dans la façon dont le rôle de l'éducation est perçu peut être constaté non seulement dans les documents suédois, mais aussi dans les textes de la Commission européenne".
Le lien vers la thèse: ici.