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Les nouveaux défis de l'éducation: un point de vue inter-académique.

Paru dans Scolaire le lundi 07 mars 2011.

"il est apparu de plus en plus clairement au cours de ces dernières années que les acquis au sortir du collège et du lycée n’ont pas le niveau désiré. (...) L’Institut et les Académies qui le composent ont jugé essentiel d’insister de façon publique sur la gravité de la situation." Xavier Darcos, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques; Pierre Léna, de l’Académie des sciences; Michel Serres, de l’Académie française, tenaient mardi 1er mars 2011, en présence de Luc Chatel, ministre de l’Éducation nationale, une séance inter-académique sur le thème : Les nouveaux défis de l'éducation. Le contenu de la séance est en ligne.

Xavier Darcos réaffirme les liens entre la Nation et l'Ecole, quand l’École doit jouer, selon lui,  un rôle "d’unificatrice de la communauté": "Il faut susciter, entretenir, transmettre les ferments de l’unité : tel est l’enjeu premier de la Nation. Et c’est l’École qui s’en charge". Il constate l'oblitération de ce lien, qu'il attribue à diverses causes: D’un côté, le renouvellement du "vieux nationalisme", nourri par la mondialisation. À l’opposé, le développement des identités communautaires. Enfin, la montée d'un "individualisme démocratique", qui affaiblirait les institutions politiques et sociales : école, syndicats, églises, partis... "Chaque individu (même un élève) juge légitime d’en appeler à ses droits ou à ses convictions pour refuser de se soumettre à l’autorité".

Le rétablissement des liens entre nation et école ne peut toutefois avoir lieu, selon X. Darcos, que si l'école garantit la justice sociale et l’égalité des chances. Or, "si l’École a réussi à scolariser tout le monde, elle a échoué dans sa mission d’intégration et de promotion. La massification n’est pas la démocratisation." Parmi les préconisation de Xavier Darcos: l'apprentissage des fondamentaux, y compris le vocabulaire ("Aucun élève ne doit plus entrer en sixième sans savoir lire, écrire et compter") et l'autonomie des établissements. ("Des établissements plus autonomes, où le pragmatisme l’emporterait sur l’idéologie, ne remettront pas en cause le caractère national de notre système éducatif").

L'ancien ministre de l'Education lie l'avenir de la nation à la valorisation des enseignants: "Rendons leur honneur aux maîtres et aux professeurs ! N’oublions pas cet enjeu considérable, au moment où se prépare un renouvellement massif du corps enseignant : La revalorisation de la fonction enseignante passe par la conscience retrouvée du rôle social éminent du professeur. C’est pourquoi chaque citoyen doit veiller à ce que les enseignants soient respectés".

Pierre Léna, de l’Académie des sciences, constate l'échec de l'élitisme républicain. Il réfute toutefois une vision décliniste de l'éducation des sciences: "nous savons tous que ces enfants, sur leur clavier et chaque jour, excellent bien plus que nous dans l’univers numérique, où ils fréquentent des nombres sans le savoir". Il souligne le "rôle social" que la science peut jouer: "Les sciences, tout particulièrement, n’ont-elles pas souvent joué ce rôle d’ascenseur social ? Or cette science est aujourd'hui devenue le symbole d'une forte et rude sélection. Ceci doit changer".

L'académicien défend la scolarisation à deux ans ("elle pourrait aider certaines familles"). Il attaque la théorie des fondamentaux : "ne met-on pas à l'excès l'accent sur les apprentissages mécaniques du lire et écrire?" Enfin il dénonce l'effondrement de la formation continue des enseignants. En miroir, il suggère une transformation de la pédagogie, sur le modèle de la main à la pâte, un développement professionnel des professeurs "au contact des acteurs de la science", enfin, une conception "plus globale" du savoir. "Nos voisins britanniques l'ont compris avant nous, leurs investissements d'avenir ont su mettre en place dix Science Learning Centers répartis sur l'Angleterre depuis 2008, qui rapprochent en permanence de la science vivante un grand nombre de professeurs."

Le décloisonnement des disciplines doit être encouragé. "C’est cela que veut notre socle commun", estime Pierre Léna, qui fait néanmoins état de sa "bien trop lente pénétration" dans un collège "encombré de cloisons disciplinaires, difficiles à ébranler"; Il attend des internats d'excellence une dynamique positive.

Pour Michel Serres, on vit un moment "incomparable" de mutation, qui renouvelle la notion de transmission. "Le savoir ? Le voilà, partout sur la toile, disponible, objectivé. Le transmettre à tous ? Désormais, tout le savoir est accessible à tous. Comment le transmettre ? Voilà, c’est fait. Avec l’accès aux personnes, par le téléphone cellulaire, avec l’accès en tous lieux, par le GPS, l’accès au savoir est désormais ouvert".  Il faudrait dès lors "inventer d'inimaginables nouveautés".

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