Raccrochage: Les anciens élèves du Clept de Grenoble très positifs.
Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 07 mars 2011.
"Comme bien d'autres expériences avant elle, l'expérience du Clept fournit de nombreux arguments renforçant la conviction qu'une école plus juste et plus équitable est possible", écrit Marie-Cécile Bloch dans son ouvrage "Alors, on la fait cette école pour tous? Petite histoire du Clept, un collège-lycée élitaire pour tous", paru aux éditions Chronique Sociale. Cette "petite histoire" du Clept (Collège lycée élitaire pour tous), qui accueille depuis 10 ans des élèves décrocheurs, se base sur des entretiens de jeunes ayant quitté le Clept entre 2005 et 2006, un "certain recul" paraissant nécessaire à l'auteure pour se "dégager de l'affectif". "Comment et pourquoi le nier: tous les propos récoltés sont positifs voire très positifs et valident pour beaucoup les démarches du Clept."
L'ouvrage livre au lecteur le parcours d'une enseignante, mais aussi de longs extraits des entretiens avec élèves. "Si j'ai envie de réussir, je peux; vous m'en avez donné la possibilité. Vous m'avez donné des bagages", déclare Houda. Au cours des échanges, l'ancienne élève aborde incessamment la question du sens: Les notes, notamment, sont ressenties comme des informations utiles. "On les comprenait les notes (…), quand dans un cours classique, le prof te note, il te met une remarque, mais à la limite tu ne sais même pas pourquoi tu t'es trompée". Au fil de l'ouvrage, les anciens élèves reviennent aussi sur ce qu'ils conçoivent comme un élément majeur de leur expérience: la relation jeune-adulte. Ainsi Marie déclare: "On a l'impression d'exister. Dès qu'on ne vient pas en cours, il y a un professeur qui appelle pour savoir ce qu'on devient".
La construction de l'échantillon d'élèves a éliminé d'emblée ceux qui ne sont restés que quelques mois dans la structure de raccrochage. "Certains auraient certainement tenu un discours moins gratifiant. (…) Chercher à comprendre ce qui conduit ces élèves à partir rapidement reste une préoccupation constante", avoue M-C Bloch, qui réaffirme l'ambition du CLEPT, en particulier pour ceux dont le parcours scolaire n'est pas "linéaire".
"Or, que propose l'Education nationale? Quasi exclusivement de leur trouver une place dans une filière adaptée et non de leur rendre leur place". M-C Bloch insiste sur la nécessité de ne pas enfermer dans des destinées scolaires "misérabilistes" ceux qui n'ont pas reçu les bonnes cartes à jouer dès le départ. Elle estime, au contraire, que ceux qui décrochent de l'école ont droit à "un ticket retour vers un enseignement qui élève, qui émancipe, qui dote d'un voyage à vie", plutôt que d'être affectés vers une professionnalisation la plus rapide possible. L'ouvrage est aussi un appel plus large à l'Institution, pour que soit pleinement réalisée l'ambition démocratique de l'école.
Alors, on la fait cette école élitiste pour tous? Petite histoire du Clept, un collège-lycée élitaire pour tous, M-C Bloch, Chronique sociale, 140 p., 12,80 euros, 2011.