Créativité et innovation dans l'enseignement en Europe: Le projet ICEAC définit 5 champs d'action.
Paru dans Scolaire le lundi 28 février 2011.
Comment stimuler la créativité et l'innovation dans l'enseignement obligatoire en Europe? "5 vecteurs de progrès ont été identifiés : les curricula, la pédagogie et l'évaluation, la formation des enseignants, les TIC et les médias numériques, la culture professionnelle et le leardership", note le rapport final du projet ICEAC (Creativity and Innovation in Education and Training in the EU27), conduit par l'IPTS (Institute for Prospective Technological Studies) en collaboration avec la Direction générale éducation et culture de la Commission européenne.
L'étude met en évidence la nécessité de réviser les programmes, de manière à fournir une définition cohérente de la créativité, à penser son évaluation, et à mieux orienter les enseignants dans leurs pratiques. Il s'agit d'instaurer un dialogue réunissant tous les acteurs du monde éducatif, "y compris les parents ou leurs représentants". Objectif: ouvrir un débat participatif sur les programmes, pour générer une vision partagée de l'éducation où la créativité et l'innovation auraient leur place et rendre accessible à tous la compréhension des enjeux.
Sur la pédagogie, le rapport souligne que les moyens classiques de l'enseignement (méthodes centrées sur l'enseignant, enseignement frontal...) prévalent dans une bonne majorité des écoles de l'UE27. "Bien que le manque de confiance des enseignants soit l'un des principaux freins à l'instauration des pratiques créatives, d'autres facteurs - à savoir, des calendriers serrés, des programmes surchargés, un manque de soutien dans la classe, un nombre élevé d'élèves par enseignant et une culture scolaire qui ne supporte pas de nouvelles méthodes- ont également été mis en évidence". Les enseignants seraient aussi trop souvent "isolés", ils "manquent de soutien" et, partant de là, préféreraient encourager un certain conformisme en classe, notamment pour s'assurer l'adhésion des élèves. "Il y a une résistance à changer les pratiques traditionnelles d'évaluation chez les étudiants, les parents, et même les enseignants. Ils considèrent souvent les notes comme le moyen le plus important de retour sur l'apprentissage".
Le rapport juge parallèlement crucial de développer "des capacités réflexives" chez les enseignants, notamment pour discerner comment une méthode d'enseignement peut inhiber la créativité des élèves ou la déclencher. "Les programmes de formation des enseignants doivent être révisés afin de s'assurer qu'ils promeuvent bien des méthodes pédagogiques variées et novatrices, des compétences numériques, une capacité à enseigner des compétences transversales. Ils doivent porter sur la pratique et délivrer des conseils efficaces", signale le rapport.
Derniers buts visés: le développement des usages des TICE à la fois chez les élèves et les enseignants, et la reconnaissance du rôle des chefs d'établissements et des décideurs politiques dans le changement: "Une stratégie globale est nécessaire pour initier un changement à la fois des programmes, des méthodes d'évaluation, de la formation des enseignants, et du financement. Cette stratégie doit être concertée entre toutes les parties prenantes du champs éducatif".