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Quels sont ces élèves en difficultés dont les parents sont fortement diplômés? (recherche)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 25 février 2011.

Comment comprendre le parcours des collégiens en difficultés scolaires issus de parents fortement diplômés? Quel lien entre l'héritage culturel familial et la scolarité? Un article de Gaële Henri-Panabière, paru dans la revue Sociologie, interroge la notion de transmission culturelle, à la lumière des résultats scolaires.  L'article insiste sur les conditions matérielles ou symboliques dans lesquelles les enfants peuvent ou ne peuvent pas "hériter" des manières de faire " scolairement rentables" de leurs parents. La recherche repose sur des données produites par questionnaires (renseignés par 677 familles) et entretiens (auprès de 20 élèves et de leurs parents).

Gaële Henri-Panabière observe que le modèle scolaire des parents reste parfois indisponible pour les enfants "de par la division du travail éducatif et domestique entre parents". Il pourrait également être tenu à distance "du fait de l’état des rapports de force internes" à la famile ou de certains processus d’identification, notamment sexués.

La chercheuse constate d'abord les effets manifestement plus forts des diplômes maternels sur la scolarité des enfants, lié au temps passé ensemble. "Le temps est la première condition qu’évoque P. Bourdieu pour rendre compte des spécificités du capital culturel et des manières de l’acquérir". La séparation des parents interfèrerait aussi fortement sur la transmission culturelle. C'est surtout le diplôme paternel dont les effets sembleraient amoindris par la séparation.

Certains héritages pourraient ne pas se transmettre du fait de la position de la personne qui les porte. "Des parents porteurs de dispositions scolairement rentables peuvent ne pas les transmettre à leurs enfants du fait de l’état des rapports de force au sein de la famille où elles ne sont pas nécessairement dominantes".

Un deuxième point concernerait le caractère "souvent invisible" de la transmission culturelle. "Les moments où des compétences culturelles ou des savoir-faire se transmettent sont rarement pensés comme tels, surtout au sein de la famille où ces situations sont moins codifiées que dans l’institution scolaire". Il faudrait donc se garder à la fois de l’idée que la transmission culturelle puisse se faire naturellement et, à l'inverse, de l’illusion d’"une vie indépendante" de ce qui est transmis, sans lien avec le relationnel.

L'auteure évoque des "transmissions indésirables". Pour certains enfants, les accompagnements aux devoirs sont l’occasion de manifestations de souffrances importantes (larmes versées) ou encore de conflits récurrents. "La question du goût et du dégoût est également à prendre en compte". Le rapport plus ou moins heureux, plus ou moins laborieux que les parents entretiennent eux-mêmes avec le savoir est transmis. "Les parents ne maîtrisent pas la transmission de 'mauvaises habitudes' ou de dispositions indésirables (notamment scolairement)."

Quant aux garçons , ils relieraient l’autocontrainte ou les pratiques de l’écrit au féminin, au sens où elles sont mises en œuvre par les membres féminins de la famille mais aussi où elles relèvent de stéréotypes produits par les adultes de leur entourage. "En même temps qu’ils sont enjoints à travailler, à respecter les limites imposées par l’école, à lire des livres, etc., ils ont à construire une identité masculine sur la base de modèles sexués qui peuvent interférer avec ces injonctions".

Il faudrait en outre "surveiller" les garçons, quand pour la fille, les mauvais résultats seraient plus attribués à une difficultés réelle qu’à un manque de travail. "Tout se passe comme si, sachant que leurs difficultés ne leur seront pas reprochées, la demande d’aide des collégiennes était facilitée". 

La chercheuse établit enfin le caractère "d'électivité" dans la transmission, entre parent et enfant du même sexe. "Les différents croisements entre pratiques parentales et enfantines montrent une transmission plus intense entre mères et filles qu’entre mères et fils". La lecture, surtout, constituerait un moment d'échange privilégié entre les filles et leurs mères. Pour finir, les transmissions se fonderaient fortement sur des sentiments de "ressemblance" ou de "dissemblance" entre parents et enfants.

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