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Faut-il craindre la marchandisation de l'éducation?

Paru dans Scolaire le lundi 02 mars 2009.

"Plus que la marchandisation de l’éducation, le risque le plus inquiétant réside dans la standardisation culturelle qu’opère la mondialisation de l’enseignement, sous l’emprise du modèle anglo-saxon." C'est la conclusion du dossier d'actualité de février 2009 de la cellule de veille scientifique et technologique de l'INRP, "Sur les traces du marché mondial de l'éducation".

Premier constat, à la fin des années 1990, un magnat américain de la télévision câblée, affirmait que "l’éducation est le plus vaste marché de la planète, celui qui croît le plus vite et où les acteurs actuels ne répondent pas à la demande". De fait, depuis 1950, l’effectif mondial est passé de 6 à 90 millions d’élèves et étudiants. Les dépenses éducatives mondiales sont estimées à plus de 2 000 milliards de dollars par an. Mais toutes ne sont pas susceptibles d'être gérées par le marché, dont la part représenterait environ 10% du gâteau, une part très variable selon les pays (9% aux USA, 7,5% en France), mais qui n'est pas négligeable. Deuxième constat: le débat est compliqué par ses enjeux idéologiques, et comme le note Bernard Charlot, professeur (émérite) en sciences de l'Education, et peu suspect de complaisance à l'égard du libéralisme, "le débat est souvent plus polémique qu’analytique".

Soucieuse d'échapper à ce piège, l'étude passe pragmatiquement en revue toutes les formes de privatisation de l'éducation, en France, en Grande-Bretagne et aux USA: chèques éducation ("education vouchers"), "charter schools", "contract schools", partenariats public-privé, établissements à but lucratif... Conclusion: si elles ont donné, ici ou là, des résultats intéressants, ces initiatives ont rarement été "payantes", ni pour les investisseurs (les actions d'Edison ont perdu 98% de leur valeur), ni pour les politiques d'éducation , qui ont dû renforcer les procédures de contrôle, donc les tests. En France, où l'essentiel de l'enseignement privé est en réalité financé par l'Etat, cette privatisation passe par le parascolaire et le soutien scolaire, dont la version "à distance" n'a pas vraiment pris, les parents restant attaché à la présence de l'enseignant.

Après avoir examiné la situation, très différente, de l'enseignement supérieur, où quelques illusions se sont également dissipées, l'étude conclut à la non-contradiction entre le développement du secteur privé et le secteur public d’éducation, "même si cela peut être le cas ici ou là, de façon ponctuelle". Bien au contraire, "on remarque plutôt des relations d’émulation mutuelle – réussie ou non – dans les liens qui se nouent entre public et privé".

Le "vrai débat" devrait "se porter sur la pertinence des critères utilisés pour évaluer les résultats de l’enseignement (...) À quels véritables besoins répond la volonté actuelle de mondialiser le profil des compétences que devraient acquérir tous les jeunes de la planète ?"
 

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