Lire et faire lire: les bénévoles attendent une coordination de proximité..
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Culture le lundi 21 février 2011.
"Le lecteur doit savoir créer une situation, établir un contact avec les enfants, gérer un groupe diversifié : ces compétences sont parfois ressenties comme exigeantes", signale le bulletin n°4 de l'Unaf (janvier 2011), qui fait un point sur l'engagement des bénévoles de l'association "Lire et faire lire", à partir d'entretiens. Partant du constat de la situation parfois difficile de bon nombre d’enfants et de jeunes face à la lecture, l'association réunit depuis 1999 des enfants et des personnes âgées de plus de 50 ans autour du plaisir de la lecture, les personnes agées bénévoles jouant le rôle de "lecteurs".
"La manière dont s’expriment en majorité les bénévoles de Lire et faire lire sur leur
activité revêt une tonalité optimiste. L’activité est en soi porteuse de satisfaction, car
lire aux enfants, c’est partager une dimension de spontanéité, de curiosité et de vitalité communicative". Le Bulletin constate la satisfaction de nombreux bénévoles, mais énumère aussi certaines difficultés ressenties, en particulier par les nouveaux arrivants et les bénévoles actifs sur le temps périscolaire. Ces lecteurs semblent les plus demandeurs, en terme d'accompagnement.
"Les bénévoles se déclarent confrontés à la difficulté de gérer un groupe, parfois hétérogène, avec des interrelations entre enfants empruntes de jalousie, de séduction ou d’intimidation, et d’une forte dimension d’autorité", signale le bulletin. Certains lecteurs vivent l’autonomie qui leur est laissée de manière "problématique" et se posent des questions sur leur pratique, quand le public d'enfant réuni est souvent hétérogéne (intervention en ZEP ou en centre social, niveau des enfants...): "Faut-il se conformer strictement en situation aux directives de Lire et faire lire, en particulier quand il est préconisé de ne pas faire lire les enfants pendant la séance ?".
D'autres questions se posent aux lecteurs: Que faire devant l’évocation de situations difficiles chez l’enfant: parents alcooliques, mère battue par le père, absence de père, etc. ? Que faire avec des thèmes compliqués qui peuvent surgir sans que le bénévole y ait pensé auparavant (sexualité, mort, absence, etc.) ? Les formations générales sont appréciées, elles ne peuvent toutefois, selon les lecteurs, remplacer la possibilité d’"échanger sur sa pratique ou sur des situations rencontrées". Ils souhaiteraient par conséquent d’avantage d’occasions de rencontres et de formation pratico-pratiques liées à leur activité de tous les jours. Le fait d’être plusieurs bénévoles par école, apparait comme une piste, "pour pouvoir parler facilement de son quotidien de lecture".
La mise en place d’un "bénévole-relais au niveau local" permettrait également de pallier la forte autonomie laissée: "A Paris, certaines lectrices se sont senties isolées dans un contexte qui paraît vaste avec une équipe très importante".
Certains lecteurs sont critiques s'agissant de la coordination départementale de l'action, "perçue comme manquant de proximité avec le bénévole ou manquant de temps". Certains bénévoles évoquent un "certain flou" sur la fonction de coordinateur, tous ne connaitraient par ailleurs pas son nom. Certains ne sauraient pas très bien "qui joindre en cas de question".
Autre point: Lire et faire lire est géré par deux réseaux nationaux, les Fédérations départementales de la Ligue de l’enseignement et les Unions départementales des associations familiales (UDAF). Face à cette coordination bipolaire, les lecteurs attendraient "davantage de clarté concernant ce partenariat". "Des questions peuvent mener à une crainte diffuse selon laquelle il existerait des clans à l’intérieur de Lire et faire lire", alerte le bulletin.