L'addiction des jeunes aux jeux vidéos: mythe ou réalité? (recherche)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 18 février 2011.
Dépression, phobie sociale, chute des résultats scolaires... ces éléments, souvent associés aux jeux, sont-ils un mythe ou une réalité? Parents comme enseignants sont confrontés à l'engouement d'une frange de jeunes pour les jeux vidéos. A quel moment peut-on parler de pathologie du jeux? Quelle proportion de jeunes est réellement touchée par l'addiction?
"La plupart des recherches reliant jeu vidéo et comportements négatifs ont des limites méthodologiques qui empêchent les chercheurs d'identifier les causes réelles des troubles observés chez les joueurs. Par exemple, il est difficile de déterminer si le jeu vidéo mène à des comportements négatifs (par exemple, à la dépression) ou si ce sont ces comportements négatifs qui conduisent les jeunes à surinvestir les jeux vidéos", prévient un article publié dans la revue "Pediatrics".
Les résultats de l'étude parue dans Pediatrics se fondent sur des données collectées auprès de 3 000 enfants et adolescents de Singapour, interrogés chaque année entre 2007 et 2009. Les auteurs ont demandé aux participants de compléter un questionnaire permettant de mesurer leurs compétences sociales, leur degré d'impulsivité, leur qualité de relation à leurs parents, et leur rendement scolaire. Ce questionnaire détecte aussi la phobie sociale, la dépression et le niveau d'anxiété. Il permet aussi de déterminer si l'enfant satisfait aux critères de "jeu pathologique".
L'étude renseigne les taux de "jeu pathologique". Les chercheurs ont découvert que la plupart des enfants (90%) n'avaient pas d'addiction aux jeux, au terme des 3 ans d'étude. Les jeunes qui jouaient en moyenne 19 heures par semaine au début de l'étude ("taux encore étonnamment élevé", selon les chercheurs) ne présentaient pourtant pas de pathologie la troisième année. "Les jeunes devenus joueurs pathologiques à la fin de l'étude jouaient en moyenne 31 heures par semaine (près d'un emploi à temps plein) la première année", précise l'article.
Quels sont les facteurs prédictifs d'addiction aux jeux vidéos? Il semblerait que des compétences sociales pauvres et une impulsivité importante soient les prédicteurs majeurs des problèmes d'addiction aux jeux. "Ces enfants présentaient également des problèmes de santé mentale et des difficultés scolaires importantes". Dans l'autre sens, les enfants ayant des niveaux élevés d'addiction au début de l'étude présentaient au terme des 3 ans des symptômes de dépression, anxiété, phobie sociale, et des difficultés scolaires importantes.
Gentile, D., Choo, H., Liau, A., Sim, T., Li, D., Fung, D., & Khoo, A. (2011). Pathological Video Game Use Among Youths: A Two-Year Longitudinal Study PEDIATRICS, 127.