Territoire et web 2.0: L'emploi "positif" et "civique" des plateformes municipales par les jeunes des quartiers. (Aquitaine)
Paru dans Périscolaire, Culture le mercredi 09 février 2011.
"Loin des clichés sur la jeunesse des quartiers, la plupart des messages étudiés utilisent un ton neutre ou positif associé à une communication de bonne civilité", souligne une enquête, "L'empreinte numérique de la rive droite", réalisée par le laboratoire de GRECO/MICA de l’Université Bordeaux-III. Elle souligne que les jeunes des quartiers, contrairement à certaines idées attendues, font un usage "positif", et "civique" des réseaux et plateformes du web 2.0. (ici) et alerte sur la profonde césure entre deux espaces de socialisation numérique web 1.0 et web 2.0.
L'université s'exprime dans la cadre d'un projet mené en Aquitaine, initié en 2009, et nommé "co-constuire la Rive Droite". Le projet concerne les villes de Bassens, Cenon, Floirac, Lormont et encourage les institutions à développer des "plateformes interactives" pour rendre les habitants acteurs du territoire. "Le numérique doit devenir l’un des outils de la réappropriation du territoire".
La recherche souligne que le web 1.0, constitué par les sites web traditionnels et les blogs, porte une parole professionnelle et institutionnelle. Il permet une communication "appuyée sur des sites web institutionnels (81,5%) avec une politique éditoriale de textes chargés ayant, le plus souvent, une fonction promotionnelle, écrits dans un langage très soutenu (84% des cas)". En comparaison, le web 2.0 permettrait "l"émergence de la parole ordinaire", notamment des jeunes. "69% des messages relevés sont émis par les habitants de la rive droite avec une surreprésentation de la jeunesse".
Parmi tous les supports média, les plateformes de réseaux sociaux, principalement orientées jeunesse (Skyblog, Netlog) et communauté d’intérêts (Facebook, Myspace) seraient les plus employés. "C’est une communication d’interaction, rapide et légère", note le travail, qui souligne que la plupart des messages recourent à un ton neutre ou positif. Les chiffres ne révèleraient pas d’attitudes marginales (langage grossier vs langage expert).
Les jeunes auraient une forte tendance à parler d’eux. "Leurs hobbies sont fréquemment abordés, qu’il s’agisse de sport, de la musique ou autres activités culturelles". Viendraient ensuite des sujets secondaires (au regards des chiffres) comme la politique, l’économie, l’école.
Le web 2.0 semble "piétiner dans une conversation intime/publique sans enjeux majeurs de services". Or, les "nouveaux" lieux de communication passeront par "l’écoute et le soutien des initiatives locales, dans des agendas conduits par des politiques publiques locales", signale l'étude. Elle encourage les institutions, "quasi inexistantes dans les réseaux sociaux" à se saisir d’une logique de réseau, une nouvelle forme de communication publique propre à faciliter tout autant "les démarches de proximité et de concertation" que l’action publique.
Signalons que le projet "co-construire la rive droite" est initié par le GIP GPV et la Fing en partenariat avec les laboratoires MICA et ADES des universités de Bordeaux, la 27ème Région et avec le soutien d’AEC (Aquitaine Europe Communication), de l’Union Européenne (FEDER) et du Conseil Régional d’Aquitaine.