Les ivresses des jeunes régulières diminuent, les occasionnelles progressent.
Paru dans Périscolaire le mercredi 09 février 2011.
"Moins d’alcool, plus d’ivresse. Un paradoxe qui traduit le rapport qu’entretiennent les nouvelles générations avec l’alcool. En effet, si sa consommation baisse, les ivresses occasionnelles, elles, progressent chez les jeunes", établit Yaëlle Amsellem-Mainguy, chargée d’études et de recherche à l’INJEP (l'étude complète ici).
À 16 ans, un peu moins de la moitié des jeunes déclarent avoir déjà été ivres au cours de leur vie (expérimentation), plus d’un tiers au cours des douze derniers mois (ivresse occasionnelle) et 3,5 % au moins 10 fois au cours de cette même période (ivresse régulière). A 17 ans, les comportements d’ivresse se seraient globalement stabilisées ces dernières années. "Les ivresses répétées dans l’année se sont stabilisées depuis 2005 et les ivresses régulières (qui concernent 9 % des 17 ans et 6 % des 18-25 ans) sont en diminution sur la même période". En revanche, l’expérimentation et l’ivresse occasionnelle sont à la hausse depuis 2003. Les consommations ponctuelles importantes concernent près de la moitié des jeunes de 17 ans (49 %).
L'étude s'interesse aussi aux jeunes de 18 à 25 ans, chez lesquels l’usage régulier d’alcool est plus répandu "chez ceux qui exercent une activité professionnelle", même si dans l’ensemble les niveaux de consommation sont proches. "Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les étudiants boivent moins souvent régulièrement ou excessivement que les actifs et ne sont pas plus souvent ivres". Le constat n'est pas vrai chez les filles: "Par contre les ivresses alcooliques s’avèrent plus répandues chez les étudiantes que chez les jeunes femmes actives".
Les disparités régionales ou sociales en termes de consommation sont fortes. "Elles influent sur la précocité, l’intensité et les modes d’exposition des adolescents au produit alcool ". La région Poitou- Charentes, avec 12 % d’adolescents âgés de 17 ans déclarant au moins 10 usages d’alcool dans le mois, se distingue du reste du territoire. À l’inverse, la région Nord-Pas-de-Calais présente un niveau "significativement inférieur" aux autres territoires.
La synthèse met en lumière la diversité des motifs d’usage de l’alcool au coeur desquels la convivialité, le groupe, le plaisir et la fête ont une place particulière. Si le fait de boire vite et beaucoup (que l’on nomme binge drinking) est plutôt une pratique anglo-saxonne, en France, les jeunes auraient un double usage de l’alcool : modéré en famille et important, même si occasionnel, en groupe.