Respect, solidarité, autonomie...L'éducation aux valeurs et le socle commun (Thèse).
Paru dans Scolaire le vendredi 04 février 2011.
"L’histoire de l’école en France a pratiquement toujours vu placer en tête de ses préoccupations la formation de l’homme autour d’un partage de valeurs", note une thèse de Daniel Janichon à l'Institut de Recherche sur l’éducation (IREDU), qui ajoute: "Selon que l’éducation a visé la construction d’un chrétien, d’un citoyen, d’un individu, la nature de ces valeurs s’est infléchie." La loi introduisant le socle commun en 2005, aurait permis au Haut Conseil de l’Education de redécouper le champs des savoirs, de clarifier celui des procédures "et surtout de redonner à celui des valeurs la place de premier plan qu’il avait sans doute cessé d’occuper depuis les grandes lois scolaires de 1882".
La thèse fait le constat d'un "ajout de valeurs" avec l'introduction du socle commun: Aux valeurs de respect de soi-même et des autres, de solidarité et de démocratie "construites et affirmées depuis les débuts de la République", se seraient en effet ajoutées deux notions nouvelles : l’autonomie et l’initiative. Avec quels impacts pratiques?
La thèse présente une enquête qui évalue les attitudes de 300 élèves répartis dans 3 collèges. "Les 3ème interrogés se sont montrés respectueux, d’eux-mêmes et des autres, ayant ainsi intégré celles des valeurs étant à l’oeuvre dans l’école française depuis le plus longtemps". L'enquête met néanmoins en évidence "une césure entre les compétences sociales et celles d’autonomie". "C’est sans conteste dans les domaines de compétences relativement nouvelles en contexte scolaire que sont l’autonomie et l’initiative que les performances de ces élèves sont les plus limitées". L’élève moyen montrerait "davantage de respect que de solidarité". "Quoi qu’encore très majoritairement intégrées, les valeurs de responsabilité et de solidarité leur semblent cependant moins fondamentales que celles de respect." Il semblerait également "plus soucieux de relations sociales que d’autonomie".
Le genre et le niveau social jouent sur ces compétences, signale ce travail. Les filles sont dans l’ensemble "plus performantes" que les garçons. Les élèves défavorisés sont "meilleurs dans le domaine social". "Ce sont eux les plus respectueux, les moins violents, les plus responsables et solidaires". L’autonomie parait "mieux acquise par les élèves les plus favorisés". "L’autonomie et la capacité à faire des choix d’orientation sont plus répandues parmi les élèves des classes sociales supérieures." Pour le civisme, il semblerait que le fait d’être enfant unique est favorable à la réussite, et même que cette particularité influerait sur les scores "deux fois plus que le fait d’être une fille".
La thèse esquisse quelques pistes de réflexion pour développer la performance des collèges dans ces domaines de l’éducation aux valeurs. "En matière d’autonomie, les valeurs de l’établissement semblent devoir passer en actes, en réalisations concrètes, voire matérielles". Les conditions de développement de l’autonomie passeraient au-delà des équipes par "les infrastructures mises à disposition des élèves et dans lesquelles ils peuvent l’y exercer". Celui des collèges qui obtient les meilleurs résultats dans ce domaine propose à tous les élèves un vaste foyer socio-éducatif "dans lequel il fait bon se retrouver, seul ou à plusieurs, pour se détendre – voire pour travailler", précise le travail. C'est aussi celui "où sont brassées dans les espaces communs les différentes classes d’âge du collège et de l’après-collège, dans une cité scolaire dont les grilles sont toujours ouvertes".