Deux propositions pour faire un pont entre la culture des jeunes et la culture de l'école. (Cahiers pédagogiques)
Paru dans Scolaire le lundi 31 janvier 2011.
"Chaque élève arrive à l’école avec sa culture première, héritier d’un monde qui l’a imprégné par osmose, lui fournissant une langue, des conduites sociales, des habitudes de vie. L’école valorise une autre culture, souvent vécue comme un arrachement à la culture première, ce qui fait de l’enseignant non seulement un homme du dialogue, mais aussi de la confrontation", écrit Jean-Yves Séradin, auteur de l'article "Passer le pont" consultable en ligne à l'occasion de la sortie du n°486 des Cahiers pédagogiques: "Culture de l'école, culture des jeunes" (Le sommaire détaillé du numéro ici).
J-Y Séradin propose deux dispositifs pour travailler les oppositions entre les cultures "premières", personnelles, et la culture "seconde", celle de l’école : pour l’enseignant, explorer son propre rapport à la culture, dans une démarche réflexive ; pour les élèves, présenter leurs lectures pour donner à comprendre leur rapport à la culture.
Côté enseignant, la connivence culturelle entre élèves et professeurs jouant de moins en moins, il s'agirait d'"aller chercher" les jeunes, de "les aider à mettre un pied sur (leur) rive". L'effort serait avant tout un effort pédagogique: "Le dialogue à instaurer entre deux cultures qui souvent s’opposent ne constitue pas une invitation à se flageller, mais à remettre en question la manière de proposer celle qui doit être enseignée". Mais garde!, la pédagogie à mettre en place serait plus proche de la "médiation" que d' "une ruse pédagogique" dissimulée derrière une " attention bienveillante". L'auteur insiste sur la nécessité de nouer "un rapport de confiance", où chacun "respecte la position et la raison de l’autre".
j-Y Séroudin valorise le "doute" chez l'enseignant, pas le doute "qui inhibe, mais, au contraire, celui qui féconde l’action": Il faudrait pour l'enseignant accepter de "décoder son idéologie", pour prendre conscience de l’écart qui le sépare de l’élève, en acceptant une part d'auto-analyse.
Côté élève, "un travail d’ethnographie" est préconisé, dont l'objet serait la bibliothèque personnelle. Le travail d'ouverture et de partage des lectures s'appuierait sur un "questionnaire": Combien de livres de votre bibliothèque avez-vous lus ? Dressez la liste de ces ouvrages. Vous n’êtes pas encore entré dans certains ouvrages ? Pourquoi ? etc.
Au final, aucune garantie de franchir le "pont". Le rapport au savoir d'un individu constitue une aventure placée "sous le signe de la singularité", prévient l'auteur. Chacun interagit de manière inédite avec son environnement social, l’identité des autres, les modèles qu’ils imposent et ceux qu’ils interdisent.
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