TICE: l'Etat doit s'engager dans le manuel numérique (rapport d'inspection)
Paru dans Scolaire le lundi 24 janvier 2011.
A l'heure de leur expérimentation dans les ENT, que penser des manuels numériques? Constituent-ils la "nouvelle donne" de la politique des ressources pour l’enseignement? Le site Educnet met en ligne un rapport de l'GAENR - IGEN concernant les différentes composantes du manuel scolaire : fonctions, contenus, usages, acteurs, modèle économique, financement... L'enjeu final étant d'analyser la nouvelle donne d’une politique globale de ressources pour l’enseignement, "où le manuel a assurément toute sa place", ce qui suppose "une nécessaire évolution de sa nature, de sa forme, de son statut, de ses relations avec d’autres outils".
Le rapport souligne que les besoins en matière d’accompagnement pédagogique, d’orientation et d’intégration des ressources disponibles ont été renforcés "avec la réforme du primaire, le socle commun de connaissances et de compétences, la réorganisation de la voie professionnelle, la réforme du lycée".
Le périmètre du pédagogique aurait "explosé" ("la frontière est devenue mince entre l’espace pédagogique et l’espace social"), et les oppositions anciennes ne joueraient plus : l’imprimé contre le numérique, l’État contre les collectivités, les producteurs publics contre les éditeurs privés. Loin de cautionner l'hypothèse d'une "crise du manuel", le rapport pointe la nécessité de redéfinir un cadre général "à l’intérieur duquel les changements (...) nécessaires puissent s’effectuer". Un tel cadre devrait être partenarial et impliquer l’ensemble des acteurs à tous les niveaux : du niveau politique national au niveau local de l’école et de l’établissement.
Des recommandations sont formulées. Objectif premier: l'accompagnement des élèves dans la maîtrise des environnements pédagogiques, des manuels, des réseaux, des supports numériques. Il devrait figurer "dans les missions de l’enseignement scolaire".
Coté formation des enseignants et des inspecteurs à leur utilisation, la réalisation d’une offre nationale de FOAD (formation ouverte et à distance) est jugée centrale. Le rapport appelle au lancement d'un appel d’offre "pour la réalisation et l’administration d’un tel service de FOAD".
Sur les contenus, la création d'une qualification "manuel scolaire" est préconisée pour le numérique. Cette qualification garantirait la conformité de ces manuels "aux cahiers des charges liés aux différents programmes" et leur souci d'intégrer les besoins de transversalité par compétences dans les disciplines (logiques du socle commun), ainsi que par niveaux (notamment en langues, en sciences, etc.).
Le rapport développe enfin la question du partenariat avec les collectivités et le monde de l'édition. Il invite aussi bien à "clarifier" la répartition des responsabilités entre l’État et les collectivités territoriales, qu'à accompagnemer le secteur de l’édition scolaire public, privé et associatif. A charge, par exemple, de susciter et soutenir la production de manuels ou de ressources dans les disciplines ou spécialités "déficitaires".