Formation par vidéos: quel impact sur les compétences des enseignants? (Recherche)
Paru dans Scolaire le vendredi 21 janvier 2011.
Quel est l’effet d’un parcours de formation par vidéo sur les apprentissages et les pratiques d’un groupe d’enseignants du primaire? Un travail de thèse (Université de Montréal) s'interroge sur l'impact réel de ces dispositifs sur le développement professionnel des enseignants, sur la base d'entrevues semi-dirigées.
Le dispositif vidéo a été développé au Québec dans la cadre de la réforme des programmes scolaires qui s’installe progressivement depuis 2001 et qui modifie considérablement les orientations en matière d’apprentissage et d’enseignement. "Les modalités de formation continue proposées ne semblaient répondre que partiellement au renouveau pédagogique". La thèse établit "l'effet positif des vidéos" sur le développement professionnel. "Nous retenons notamment que les enseignants sont en mesure de mieux définir les composantes de la compétence ciblée par la formation, ils ont confirmé leur sentiment d’avoir appris, ils ont tous exprimé l'intention d’apporter des changements dans leur pratique". Tous auraient également apprécié la possibilité qu’offraient les vidéos "de s’identifier à des pairs et d’envisager des pistes de mise en application plus concrètes de nouvelles connaissances".
Des pistes d’amélioration sont néanmoins dégagées: diminuer la quantité de vidéos et le nombre d’éléments de compétence présentés, sous peine "de sentiment de saturation"; augmenter les "compléments pédagogiques" accompagnant les vidéos. Les vidéos non accompagnées de définitions théoriques écrites précises, de questions ciblées sur les éléments importants à observer dans la vidéo ou encore d’explications sembleraient avoir eu un effet moins systématique sur les apprentissages des participants.
La recherche souligne également le poids du sentiment d'"identification": Plus les vidéos sont proches de ce que les enseignants vivent, plus ceux-ci ont de facilité à distinguer ce qu’ils doivent retenir. Les vidéos leur sembleraient alors plus "crédibles". Le besoin serait avant tout de "contextualiser" la compétence à mettre en oeuvre: Les participants ayant souligné le manque de réalisme des vidéos l'auraient souvent fait "en mentionnant un problème de gestion de classe", rarement en mentionnant un problème en lien avec la compétence abordée.
Ces formations seraient efficaces en solitaire: "Les participants ayant réalisé seuls ce parcours semblent avoir bénéficié grandement du parcours et des vidéos". Cette approche sous-entendrait néanmoins "une forte confiance en soi et une capacité d’auto-motivation". A défaut, la thèse souligne le rôle positif du formateur, en tant que médiateur pour "rassurer et motiver" les participants.