Se-Unsa: un appel au débat politique sur l'avenir du collège.
Paru dans Scolaire le jeudi 13 janvier 2011.
Comment placer les apprentissages des élèves au coeur du projet du collège? Quelles sont les spécificités du métier d'enseignant de collège, comment ce métier sera t-il amené à évoluer demain? Le Se-Unsa ouvrait, le 12 janvier, la réflexion avec les professionnels de l'enseignement, dans le cadre du colloque "Imaginons le collège de demain".
La loi de 1975 est à l'origine du "collège unique", permettant l'ouverture à tous et la démocratisation de l'enseignement. "On ne peut, 35 ans après, qu'être préoccupé de voir que ce collège est non seulement un lieu fréquent de souffrance pour les élèves, les professeurs ou les familles, mais aussi un lieu où se constitue et s'entretient un échec collectif national de l'école de France", estime le Se-Unsa. Faut-il renoncer par conséquent au collège pour tous et orienter les élèves en difficulté de façon précoce?
La rencontre souligne "le potentiel important" du socle commun de connaissances et de compétences en fin de scolarité obligatoire, instauré en 2005, et susceptible en partie de renouveler la donne. "Mais ne nous méprenons pas, estime le syndicat. il n'y aura pas de baguette magique du socle, même s'il est mis en oeuvre de façon plus méthodique, en réglant en particulier les problème actuels de cohabitation dangereuse entre deux modèles, le modèle des programmes traditionnels et du brevet des collèges en face du modèle du socle de l'évaluation des compétences".
Pour le Se-Unsa, deux types de questions auraient été soigneusement contournées au fil des années: les contenus d'enseignement, le sens de l'évaluation des élèves. Introduite par Claire Krepper, secrétaire nationale du Se-Unsa, la première table ronde réunit Béatrice Salviat, responsable de La main à la pâte au collège, Jean-Michel Zakhartchouk, des Cahiers pédagogiques, et Pierre-Jean Marty, coordinateur du collège expérimental Clisthène.
Pour Jean-Michel Zakhartchouk, "le socle permet de faire réfléchir sur les priorités, les connaissances que les élèves doivent avoir pour le monde de demain". Parmi celles-ci: l'utilisation efficace d'Internet, la prise de parole. L'évaluation par compétences ne serait pas "une soumission aux patrons", bien plutôt elle permettrait "la mise en action du savoir".
Quelle sera l'avenir des missions et du service des enseignants? "Chacun a bien conscience que ce sujet fait partie du Tout qui doit être discuté, dans le cadre de cette évolution du collège que nous souhaitons", estime Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa, en clôture du colloque. Le suivi, l’accompagnement, la formation devraient faire partie intégrante des discussions.
"Les enseignants devront trouver un réel intérêt à ces évolutions du collège, pour leurs élèves bien sûr, mais aussi pour eux-mêmes", ajoute-t-il. Ce colloque, qui marque "un temps fort" de la réflexion, n'est qu'une étape du travail du Se-Unsa. "L’analyse de la situation devra relever d’un diagnostic largement partagé par la communauté éducative. En outre, un véritable dialogue social avec les partenaires sociaux devra prendre corps, s’inscrire dans le temps avec un calendrier et des objectifs précis", estime C. Chevalier.
Quatre chantiers sont déjà ouverts sur le blog du Se-Unsa, www.avenirducollège.wordpress.com, qui sont autant de "leviers pour le changement". Les quatre points à débattre sont: les contenus d'enseignement, le rôle et les modalités de l'évaluation, l'organisation du temps et le travail des élèves, les missions et le travail des enseignants. Les réflexions postées (analyses, commentaires, témoignages, propositions) devraient alimenter le débat général.