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E-learning: "En France, nous n'avons pas suffisamment montré son apport aux enseignants" (Fondation Prospective et Innovation)

Paru dans Scolaire le lundi 10 janvier 2011.

 "Le principal frein au développement du E-learning n'est pas l'équipement numérique des établissements, relativement bien assuré par les Conseils généraux, mais bien plutôt un frein culturel à l'oeuvre chez les professeurs. Il faut dépasser le fantasme d'une dépossession des enseignants", estime Jean-Pierre Boisivon (Institut de l'Entreprise). Il s'exprimait lundi 10 janvier lors d'une conférence de presse sur le E-learning, en présence de Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre et président de la Fondation Prospective et Innovation.

 Les deux intervenants ont tenu à souligner l'intérêt du E-learning pour une plus forte démocratisation de l'accès aux études supérieures. Le gouvernement a fixé l'objectif de porter à 50% d'une classe d'âge les titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur en 2012. Cette ambition se heurte à des restrictions de budget qui pourraient, selon les intervenants, être desserrées grâce au coût réduit du E-learning.

Aujourd'hui, aux Etats-Unis, pas moins de 80% des universités de recherche offrent des cours en ligne aux étudiants. Selon Bill Gates, l'éducation sera bientôt de bien meilleure qualité sur le net, et cette méthode d'apprentissage à bas prix devrait être plébiscitée dans les 5 ans à venir. "Il s'agit de prendre notre part dans la production de contenu éducatif, sous peine d'une mainmise américaine sur le marché", estime J-P Boivison.

"Nous ne savons pas toutes les conséquences que produira le E-learning sur le métier d'enseignant et le rôle des universités. Ces incertitudes justifient aujourd'hui une mission de prospective. Ce qui est certain, c'est qu'en marge de la question du développement économique, se jouera une bataille culturelle", continue J-P Raffarin.

Le E-learning serait également propice à l'instauration d'"une pédagogie transversale", capable de faire évoluer le métier de professeur. Un début de division du travail apparaitrait, l'enseignant passant de l'exercice solitaire de sa fonction au travail en équipe, avec l'intervention d'un informaticien, d'un documentaliste, d'un scénariste. Dans les autres secteurs économiques "la division du travail s'est depuis longtemps traduite par une augmentation des capacités des individus et une baisse des coûts" (J-P Boisivon).

Reste à "convertir" les enseignants à la formation à distance. Le E-learning devrait être à l'origine d'une nouvelle pratique du métier d'enseignant, sans "affaiblir leur rôle", rassure Jean-Pierre Boisivon. Bien plutôt, il pourrait avoir un rôle de "libération du temps". "D'autres systèmes éducatifs ont une répartition du temps différente. Une partie des apprentissage se fait en bibliothèque, sur la base d'une autonomie des élèves. Le temps de face à face avec le professeur est exclusivement un temps de discussion, de structuration de la pensée des étudiants, à partir d'un cours d'histoire, de physique, de latin...". Il rappelle que dans l'hexagone, un enseignant du secondaire consacre 80% de son temps de présence devant les élèves à des exposés magistraux.

Le risque d'un lâcher des élèves est également nuancé: Jean-Pierre Raffarin d'insister sur la "bilatéralité" des rapports entre professeurs et élèves, élément qualifié "d'extrêmement nouveau". "La disponibilité des enseignants, joignables par mail, est un atout. L'enseignant conseille chaque élève individuellement, ce qui l'oblige à une stucturation exigente de ses réponses. Le E-learning porte des progrès immenses en terme de contenu". 

En juin 2010, le National Bureau of Economic Research (Etats-Unis) a publié une enquête qui montre que deux groupes d'étudiants ayant suivi le même cours, l'un en ligne, l'autre en présence de l'enseignant, ont obtenu les mêmes résultats aux examens. Elle souligne toutefois que "l'enseignement en face à face convient mieux aux étudiants les plus faibles". Les intervenants ont à peine évoqué ce bémol à cette "révolution pédagogique" adaptée au contexte économique!

 

 

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