Pourquoi le taux d’emploi des enfants d’immigrés du Maghreb est de 20 points plus faible que celui des enfants de parents nés français. (Insee)
Paru dans Orientation le mardi 04 janvier 2011.
"En moyenne entre 2005 et 2009, 86 % des hommes français âgés de 16 à 65 ans ont un emploi quand leurs deux parents sont français de naissance. Ils ne sont que 65 % quand au moins un de leurs parents est immigré et originaire d’un pays du Maghreb", établit un article de l’édition 2010 du portrait social de la France publié par l’Insee. L'écart de taux d’emploi serait ainsi de 21 points. Ceci étant vrai chez les hommes, 86 % contre 65 %, comme chez les femmes, 74 % contre 56 %.
Les Français dont au moins l’un des parents est originaire d’Europe de l’Est, du Nord ou du Sud auraient quant à eux des taux d’emploi plus proches de ceux des Français de parents français de naissance.
L'étude souligne que les répartitions par catégorie socioprofessionnelle sont très diverses selon l’origine des parents. Ainsi, les cadres seraient plus nombreux parmi les Français de parents originaires d’Europe du Nord : 17 % pour les femmes et 28 % pour les hommes contre respectivement 13 % et 24 % lorsque les deux parents sont nés français. À l’inverse, ils seraient relativement moins nombreux parmi les Français qui ont des parents originaires du Maghreb : 6 % chez les femmes et 12 % chez les hommes.
Dans quelle mesure ces écarts s’expliquent-ils par les disparités de diplôme (niveau et spécialité), d’expérience, de situation familiale ou de localisation dans des zones d’emploi plus ou moins dynamiques ? Dans quelle mesure, au contraire, ces écarts restent-ils inexpliqués ?, s'interogent les auteurs de l'étude.
Les différences en termes d’expérience, de diplôme, de situation familiale et de lieu de résidence n’expliqueraient qu’un tiers de l’écart des taux d’emploi. "L’intégralité de ces écarts ne relève pour autant pas nécessairement de discrimination", analyse l'Insee. Le taux d'employabilité du diplôme serait aussi en cause. Pour les hommes, le "déficit" d’emploi non expliqué par les différences de caractéristiques individuelles est de 14 points. Or, selon l'étude, ce "déficit" d’emploi s’amenuise fortement lorsque le diplôme augmente pour les hommes. "Pour des niveaux de diplômes élevés (master et au-delà), les écarts de taux d’emploi entre Français de parents français et Français de parents originaires du Maghreb sont très réduits, chez les hommes comme chez les femmes".
En revanche, les perspectives d'emploi ne s'éleveraient pas pour les femmes de manière linéaire en fonction du diplôme. "Bien que délicats à interpréter, ces résultats accréditeraient plutôt l’idée que le 'plafond de verre' dans l’accès à l’emploi concernerait davantage les femmes que les hommes dont les parents sont originaires du Maghreb."
Enfin, les écarts de taux d’emploi pour les Français dont les parents sont originaires d’un autre pays d’Europe, bien que moindres, resteraient également pour partie inexpliqués, selon l'insee.