A la Réunion, l'aide personnalisée préférée au redoublement intelligent
Paru dans Scolaire le jeudi 19 février 2009.
Le site de l'OZP (Observatoire des zones prioritaires) signale aujourd'hui un article du journal en ligne réunionnais Clicanoo sur les conséquences de la suppression des « classes contrat » et de l'attribution à tous les collèges de l'île d'un budget spécifique pour la lutte contre les difficultés scolaires. Résultat de la mesure: sur la trentaine de collèges qui avaient ouvert des classes contrats en 2006, dix d'entre eux ont choisi de ne plus travailler avec des enseignants du primaire.
Rappelons que les classes contrats, initiées en 2006 par l'académie de la Réunion pour remplacer l'ancien système des « sixième de consolidation », permettaient à des enseignants du primaire et du secondaire de travailler ensemble avec des classes de petite taille, dont les élèves effectuaient deux années de 6è avant de passer en 5è. Qualifié à l'époque de « redoublement intelligent », ce dispositif fait aujourd'hui les frais d'une « redistribution des cartes administratives » visant à donner à l'ensemble des collèges de l'académie les moyens de lutter contre les difficultés scolaires.
Pour le rectorat, les collèges qui ont choisi de ne pas reconduire les contrats de leurs enseignants du primaire « ont choisi de faire prendre en charge la difficulté scolaire par les enseignants du collège » et de recourir à l'aide personnalisée, ce qui est leur droit le plus strict. Ce que conteste Patrick Olivier, qui compte parmi les enseignants éconduits: « lors du conseil d’administration, les professeurs [du collège] ont signalé qu’ils n’ont jamais obtenu les formations demandées pour s’occuper des élèves en difficulté ».
Aux arguments du « discours officiel » (la classe est une ressource, on n’isole pas les enfants en difficulté, l'efficacité des classes contrat n'a pas été prouvée) la journaliste de Clicanoo oppose le démenti des professeurs concernés et les témoignages de ceux qu'un « redoublement intelligent » a aidés à rester dans la course. A la fin de son article, elle pose la question suivante: « Et si ça n’était là qu’une élégante manière de concilier de force des injonctions incompatibles ? Le refus officiel du redoublement (considéré comme inefficace et coûteux), l’obligation d’économiser des postes, et la nécessité d’accueillir les enfants en difficulté à l’école publique ? »
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