L'Allemagne, un modèle pour l'apprentissage en France?
Paru dans Scolaire le mercredi 22 décembre 2010.
"Le développement de l’apprentissage en France ne passe pas par des mesures coercitives auprès des entreprises", a affirmé Nadine Morano lors de son voyage à Berlin le 14 décembre dernier. La ministre souhaite "inciter" les entreprises françaises à faire appel à des apprentis, en instaurant notamment des dispositifs de bonus "lorsque les entreprises atteignent un niveau important d’apprentis". Elle a effectué un rapide bilan comparé: En Allemagne, 60 % des entreprises embaucheraient des apprentis, contre seulement 33 % en France. "Chez nous, le taux de chômage des moins de 25 ans est de 24 %, il est de 10 % en Allemagne", a t-elle ajouté.
Elle a annoncé la fin des différentes primes à l’embauche des jeunes en alternance ainsi que le dispositif "zéro charges". Ces mesures, a indiqué N. Morano, "liées à la crise", devraient être remplacées par un travail de changement d’image de l’apprentissage, "plus approprié". "Il faut engager une révolution culturelle pour changer l’image de l’apprentissage auprès des jeunes et des parents". Une grande campagne de communication devrait être lancée pour revaloriser l’alternance aux yeux des jeunes et de leurs parents.
La ministre a enfin souligné lors de sa visite la complexité des contrats d’alternance. Si elle souhaite préserver les deux types de contrat (apprentissage et professionnalisation), elle réfléchirait à une "simplification des niveaux de rémunération".
A noter que Xavier Bertrand, le ministre du travail, et Nadine Morano ont engagé depuis lundi 20 décembre, une grande consultation des organisations patronales et syndicales sur la question de l’emploi des jeunes. D'ici la fin de la semaine, Nadine Morano devrait par ailleurs auditionner Jean-Robert Pitte, délégué à l’information et à l’orientation, Dominique Balmary, président du Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV), Philippe Rosay, président d’AGEFOS-PME, Francis Da Costa, président du FPSPP (Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels), et enfin Jean-Luc Vergne, président de l’AFPA (Association pour la formation professionnelle des adultes).
Des actes en accord avec l'annonce de François Fillon, au cours de sa déclaration de politique générale devant l'assemblée nationale le 24 novembre dernier. Le premier minsitre avait signifié son intention de doubler le nombre de jeunes en alternance, et pour ce faire, sa volonté d'"engager avec les régions un dialogue constructif". Sur la question de l'emploi, le ministre s'était par ailleurs dit "prêt à accompagner les initiatives que les partenaires sociaux voudront prendre".
voir aussi sur l'apprentissage en Allemagne, sur ToutEduc:
L'apprentissage en voie de revalorisation? (Les Echos)