Intimidation à l'école: le rôle du spectateur
Paru dans Scolaire le jeudi 19 février 2009.
La lutte contre les situations d'intimidation à l'école sera d'autant plus efficace que le rôle joué par le spectateur sera pris en compte: telle est la conclusion d'une étude conduite par des chercheurs de l'University College de Londres (UCL), du Baylor College of Medecine et de l'université du Kansas, récemment publiée par la revue Journal of Child Psychology and Psychiatry. Leurs auteurs estiment en effet que la méthode CAPSLE (Créer un environnement d'apprentissage paisible à l'école) est susceptible d'obtenir de meilleurs résultats que d'autres méthodes, qui accordent moins d'importance à la place du spectateur.
La méthode CAPSLE se présente comme une approche psychodynamique s'appuyant sur les relations entre le persécuteur, la victime et les spectateurs, et partant du principe que tous les acteurs de l'école, y compris les professeurs, jouent un rôle dans l'intimidation. Elle cherche à conduire toutes les personnes impliquées dans ces situations à interpréter leur propre comportement et celui des autres en termes d'états mentaux (convictions, souhaits, sentiments), en espérant qu'une meilleure prise de conscience des sentiments des autres préviendra la tentation de l'intimidation.
Les auteurs de l'étude ont réalisé des tests pendant trois ans dans 9 écoles primaires d'une ville du Midwest américain ayant adopté la méthode CAPSLE, sur environ 1500 élèves âgés de 8 à 11 ans (du CE2 au CM2). Les résultats ont ensuite été comparés à d'autres écoles où aucun programme n'est mis en place, et avec des écoles qui bénéficient d'un programme de consultation psychiatrique (SPC, de l'anglais School Psychiatric Consultation) pour les élèves souffrant de graves troubles comportementaux. Au final, les situations d'intimidation (en nombre croissant dans toutes les écoles), se sont révélées moins nombreuses dans les écoles CAPSLE.
Ce genre de comparaison ne suffit pas, à lui seul, à affirmer la supériorité de la méthode CAPSLE sur les autres méthodes. Mais les auteurs de l'étude estiment que cette méthode, du fait qu'elle accorde une place importante au rôle joué par les spectateurs dans les situations d'intimidation, a plus de chances d'obtenir de meilleurs résultats.