Ouverture sociale des grandes écoles: Remise d'un "livre blanc" de propositions concrètes et chiffrées.
Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 20 décembre 2010.
Pierre Tapie, Président de la Conférence des Grandes écoles (CGE), a remis le 14 décembre à la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pecresse, le livre blanc sur l'ouverture sociale des Grandes écoles, qui fait le bilan des résultats à court et moyen termes des actions engagées, puis livre une série de préconisations. La Conférence des Grandes Ecoles est une association (loi 1901) de Grandes Écoles d'ingénieurs, de management et de haut enseignement multiple ou spécifique, toutes reconnues par l'Etat et délivrant un diplôme national sanctionnant au moins 5 ans d'études après le baccalauréat. Elle compte aussi parmi ses membres des entreprises, des associations d'anciens élèves et des organismes.
"Il est intéressant de constater que les dispositifs d’égalité des chances ont permis d’induire des évolutions intéressantes", estime la CGE, selon laquelle Il serait maintenant "courant, voire presque naturel", de monter des partenariats entre des lycées et des établissements de l’enseignement supérieur. "En témoigne la montée en puissance des Cordées de la réussite qui officialisent et renforcent les liens entre le secondaire, les CPGE, les grandes écoles et les universités".
Autre point de satisfaction: La notion d’excellence dans des lycées "difficiles" aurait été revalorisée, grâce à des dispositifs partenariaux, "en particulier ceux des territoires de la politique de la ville". "Cette évolution est importante pour les enseignants, mais aussi pour les élèves qui ne considèrent plus nécessairement 'qu’être bon élève est une tare'", note la CGE.
La Conférence se réjouit par ailleurs que l’accompagnement personnalisé soit la mesure centrale de la réforme du lycée. "Elle suppose à la fois d’aider les élèves en difficulté,(...) mais elle suggère aussi d’aider les élèves qui ont de bons résultats à les améliorer encore, à être plus ambitieux et à s’en donner les moyens".
La CGE liste, en parallèle à ce bilan, une série de "pistes complémentaires" qui "mériteraient d’être explorées pour favoriser davantage l’égalité des chances": En amont, la création de pôles d’excellence dans chaque collège et dans chaque lycée, qui "tendraient à revaloriser l’appétit pour l’effort et le succès scolaires, et à tirer vers le haut les élèves à l’aise scolairement" ; l'implication des associations d’anciens élèves, et notamment de jeunes retraités; la mobilisation des étudiants en service civique pour accompagner ces publics ; la création de nombreux internats d’excellence.
Elle préconise de réduire l’écart scolaire entre boursiers et non boursiers, en mobilisant des moyens précocément, pour permettre un soutien scolaire "en cycle élémentaire, voire en maternelle"; tout en appelant à multiplier les dispositifs de "rattrapage des écarts", soit de façon globale (CPES), soit en agissant sur les disciplines les plus sensibles.
Il s'agirait en outre de poursuivre la mise en place d’une vraie politique d’aide à l’orientation des lycéens, et "pour cela, impliquer les PRES dans les dispositifs d’orientation".
Sur la diversification des modalités de recrutement, il faudrait notamment "approfondir ce que pourrait être une déclinaison française de la comprehensive review américaine". Il s'agirait en outre d'amplifier la diversification des filières d’accès aux grandes écoles: Poursuivre le développement des filières en apprentissage dans les grandes écoles; poursuivre le développement des filières technologiques (admissions post ECT, STI, IUT et ATS); développer les admissions sur titre; développer les doubles diplômes et les passerelles universitaires; développer la promotion sociale par le diplôme tout au long de la vie (formation continue et VAE).
Sur le financement des études, la CGE se montre particulièrement prolixe: Elle envisage une "loi TEPA étudiante" qui permettrait aux étudiants de travailler une douzaine d’heures par semaine sans charges sociales ni impôt dans des structures d’utilité sociale, publique ou associative, y compris dans les établissements universitaires et/ou sur des travaux de recherche.
Elle suggère un concept de "chèque emploi étudiant" comparable au chèque emploi service qui "permettrait de rémunérer du travail étudiant"; la possibilité pour les étudiants de défiscaliser 50% de leur frais de scolarité, pendant une période de dix ans après leur diplôme, couplée à la garantie d’un emprunt d’Etat.
Suite à ce rapport, la ministre Valérie Pécresse a demandé à la CGE de lui faire, d'ici février 2011, des propositions déclinées par établissement et étayées d'objectifs chiffrés.