Filles et garçons: dès la maternelle, l'école construit des identités qu'elle prétend combattre ensuite (thèse)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 17 décembre 2010.
"Tout se passe en effet comme si l'école maternelle, en acculturant les enfants aux usages de l'école, remplaçait les différences liées [aux cultures familiales] par des différences sexuées." Il y aurait donc, très tôt des "élèves-garçons" et des "élèves-filles". Dès lors, "les politiques éducatives menées depuis des années pour la promotion de l'égalité entre filles et garçons à l'école" sont vouées à l'échec. C'est la conclusion d'une thèse (téléchargeable sur le site de l'INRP-VST) en sciences de l'éducation, soutenue par Corinne de Boissieu à Bordeaux-II (sous la direction de Bernard Sarrazy). Pour elle, "l'ignorance, par les pouvoirs politiques et institutionnels, des processus de construction des différences sexuées des positions scolaires" est telle que "la simple volonté de pousser plus de filles vers les filières scientifiques ne résoudra rien".
Son analyse porte donc sur la construction du "genre scolaire" dès l'école maternelle, qui s'explique "par l'augmentation significative de situations à forte tonalité didactique". C'est en effet dans le cadre de "la culture scolaire" que se manifeste "le genre scolaire": "Entre la petite et la grande section, les filles, bien plus que les garçons, réduisent leurs interactions spontanées au profit des demandes de parole."