Pisa 2009: réconcilier pédagogie et élitisme dans un projet collectif (Baudelot et Establet)
Paru dans Scolaire le jeudi 16 décembre 2010.
"A la lecture des résultats de PISA 2009, dire qu’on est sur la bonne voie est une dénégation totale de la réalité. (...) Nous sommes confrontés à une tendance lourde, la distance entre ces élèves décrocheurs et les profs se creuse, le système reste dans une logique élitiste, la situation appelle à un sursaut de tous", estiment les sociologues Christian Baudelot et Roger Establet, auteurs en 2009 de "L’élitisme républicain : l’école française à l’épreuve des comparaisons internationales". Ils analysent pour le SNUipp-FSU les premiers résultats de PISA 2009. (ici)
La France resterait enfermée dans une logique opposant pédagogues et élitistes, "persuadé qu’il faut choisir entre école de masse et école d’élite". Or, pour les sociologues, l’un et l’autre iraient de pair : "les pays qui ont beaucoup de bons élèves sont aussi ceux qui ont réussi à diminuer l’échec scolaire". Ils citent l'exemple du Japon et de la Finlande, mais aussi la Pologne et l'Allemagne, qui, selon eux, rencontreraient les mêmes difficultés que la France mais s’en sortiraient beaucoup mieux. "C’est donc qu’il y a des solutions et donc des choses à faire".
Loin de désespérer, les sociologues appellent à la redéfinition d'un projet politique: Depuis 1995 et Jacques Chirac, il n’y aurait "pas de cap". "Avec Nicolas Sarkozy, pas de cap non plus, sauf les économies budgétaires". Or, soulignent-ils, "sous de Gaulle, sous Giscard avec la réforme Haby du collège unique, sous Mitterrand avec l’objectif de 80% de bacheliers, il y avait une volonté politique qui donnait un sens collectif à l’action".
Que préconisent les chercheurs? Se donner un grand objectif politique, sur dix ans, "afin de diminuer la part des enfants en grande difficulté". Pour cela, il faudrait "revoir la philosophie de l’enseignement" et améliorer la mixité scolaire.