Les services de garde et d’accueil des jeunes enfants ont un rôle majeur pour remédier aux inégalités croissantes dans les pays riches (Unicef).
Paru dans Petite enfance le jeudi 16 décembre 2010.
"Que ce soit sur le plan de la santé, de l’éducation, ou du bien-être matériel, il est inévitable que la situation de certains enfants soit moins bonne que la moyenne. La question centrale est bien : jusqu’où cet écart est-il tolérable ?", s'interroge l'Unicef en introduction à son "Tableau de classement des inégalités de bien-être entre les enfants des pays riches", publié en novembre 2010 .
En se fondant sur des données provenant de la majorité des pays de l’OCDE, le rapport s’efforce de démontrer quels sont les États qui laissent se creuser des écarts entre les enfants. Les trois dimensions de leur bien-être (santé, éducation, bien-être matériel) ont à ce titre été évaluées, les pays les plus performants servant de "norme minimale". Un petit groupe de pays – le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas et la Suisse – montrerait la voie à suivre. La Grèce, l’Italie et les États-Unis, au contraire, seraient les pays qui tolèreraient le plus l’approfondissement des disparités.
Le rapport montre d’abord que, sans intervention de l’État, le taux de pauvreté de l’enfant serait égal ou supérieur à 10 % dans l’ensemble des 21 pays de l’OCDE, à la seule exception de l’Islande, où il s’établirait à 9,6 %.
Il indique ensuite que si tous les gouvernements parviennent, grâce à leurs efforts, à une réduction substantielle de la pauvreté de l’enfant, certains obtiennent cependant de bien meilleurs résultats. "L’action publique des pays nordiques et des Pays-Bas, par exemple, permet de diminuer ce taux d’un peu plus de moitié". De même, dans certains pays où la pauvreté avant intervention de l’État est très élevée (Irlande et Hongrie par exemple), les mesures prises par les pouvoirs publics entraîneraient une réduction des deux tiers environ.
L'Unicef plaide pour une politique interventionniste la plus en amont possible: "C’est en intervenant dès le départ de la chaîne que le levier sera le plus puissant". Il s'agirait de ne pas laisser passer une "chance unique": "Pour la première fois dans l’histoire, la majorité des enfants passent aujourd’hui une grande partie de leurs premières années dans des services de garde à l’extérieur du foyer".
La transition en cours pourrait tout aussi bien être génératrice d'égalité que creuser un peu plus les inégalités dans la partie inférieure de la distribution. "En effet, ce sont les parents les plus instruits et aux revenus les plus élevés qui sont le mieux renseignés sur les structures de qualité et ont le plus les moyens d’en profiter".
"L’idée maîtresse est que des services de garde et d’éducation de qualité supérieure peuvent contribuer à réduire les inégalités, dans la partie inférieure de la distribution, car ce sont les enfants défavorisés qui ont le plus à y gagner". L'organisme appelle à l'instauration de "politiques ciblées" pour garantir la disponibilité de services de garde abordables et de qualité pour tous les enfants.