Archives » Recherches et publications

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Décrochage, pauvreté et parentalité précoce : résultats d’étude menée sur 30 ans. (Recherche)

Paru dans Scolaire, Justice le jeudi 09 décembre 2010.

"Les enfants de milieux défavorisés risquent davantage d'abandonner leurs études, de devenir parents précoces et d'élever leur progéniture dans la pauvreté", conclut une enquête menée par des chercheurs de l'Université Concordia et de l'Université d'Ottawa sur une période de 30 ans, et publiée dans le International Journal of Behavioral Development.

Entamée en 1976 dans le cadre du Concordia Longitudinal Risk Project, la première à couvrir 30 ans, l'étude a donné lieu à des évaluations triennales des participants, issus de milieux urbains pauvres québécois. Des 328 femmes et des 222 hommes maintenant parents, 22,6 % des mères et 22,5 % des pères n'ont pas terminé leurs études secondaires à l'âge de 25 ans. 35 % en moyenne des ménages vivent sous le seuil de la pauvreté: Parmi les femmes (célibataires, avec conjoint de fait ou mariées), 40 % vivent sous le seuil de la pauvreté; parmi les hommes (célibataires, avec conjoint de fait ou mariés), 28 % vivent sous le seuil de la pauvreté.

"La parentalité précoce introduit la possibilité que les enfants soient élevés sans l'un de leurs parents biologiques, sinon les deux, explique la professeure Serbin. Or, l'absence de la mère ou du père dans une famille rend plus probable la précarité financière du foyer." Les filles qui ne terminent pas leurs études sont aussi celles qui ont un plus grand risque de parentalité dans la précarité, selon l'enquête.

L'étude interroge les liens potentiels entre l'agressivité, un retrait social et un milieu socioéconomique défavorable durant l'enfance et le bien-être à l'âge adulte.  "Les agressivités pendant l'enfance prédisent, de manière très directe, une parentalité précoce et une monoparentalité du foyer, aussi bien pour une mère que pour un père. Elles annoncent aussi un décrochage scolaire pour les garçons." Les garçons agressifs présenteraient une plus forte potentialité de décrochage au secondaire. Ils s'exposeraient également à un risque accru de parentalité précoce, et d'éducation de leurs enfants en l'absence de l'un des parents biologiques. "Chez l'homme, la paternité prématurée laisse présager le dénuement subséquent de sa famille, peu importe la structure de celle-ci".

"Les conditions socioéconomiques précaires produisent des effets néfastes à long terme, même si l'on tient compte de diverses variables comme le comportement et les acquis scolaires de l'enfant", affirme Lisa A. Serbin, auteure principale de la recherche et professeure de psychologie à l'Université Concordia, qui conclut: "Pour qu'un enfant défavorisé surmonte de tels défis, les stratégies d'intervention sociale doivent cibler expressément le décrochage scolaire, la parentalité précoce, l'absence d'un parent et la pauvreté familiale".

Une seconde étude, publiée au début du mois de décembre par l'université d'Otago (Nouvelle-Zélande), souligne les liens entre "parentalité négative" et agressivité chez les enfants, affirmant le rôle de l'environnement pendant l'enfance sur la construction de la personnalité.

L'étude "Predicting family poverty and other disadvantaged conditions for child rearing from childhood aggression and social withdrawal: A 30-year longitudinal study", publiée dans l'International Journal of Behavioral Development, a été réalisée par Lisa A. Serbin, Caroline E. Temcheff, Jessica M. Cooperman, Dale M. Stack et Alex E. Schwartzman de l'Université Concordia et par Jane Ledingham de l'Université d'Ottawa.

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →