Doha: "faire de la planète un monde meilleur" (conférence internationale)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 07 décembre 2010.
Doha, envoyé spécial
L'ouverture, ce mardi 7 décembre à Doha (Qatar) du second "Sommet international pour l'innovation dans l'éducation" (WISE) a été marquée par l'intervention de Lakhdar Brahimi, diplomate algérien, ancien représentant spécial de l'ONU en Afghanistan. Pour lui, cette conférence internationale ne se met pas au service du développement du Qatar, ni même du monde arabe, mais de l'éducation dans le monde entier.
A Gaza, il a vu des élèves aller en classe dans un container, malgré la chaleur. En Afghanistan, d'autres s'assoient par terre en plein hiver sur un sol gelé. Ailleurs, l'école est en plein air. Les statistiques ne nous disent rien des conditions de travail. Elles ne nous disent rien non plus de la qualité de l'enseignement. De nombreux pays atteindront les objectifs du millénaire en 2015, mais la qualité n'aura-t-elle pas été passée par pertes et profit, voire sacrfiée comme au Pakistan, qui finance quelque 20 000 madrasas qui se situent en dessous des standards internationaux?
Interrogé sur le respect des droits de l'Homme dans de nombreux pays, il met en garde, il ne suffit pas de déclarer illégal le travail des enfants, il faut créer des conditions économiques telles que les familles n'aient pas à retirer leurs enfants de l'école, et que les pays n'aient pas à choisir entre la scolarisation des garçons et celle des filles.
Il rappelle aussi à quelle vitesse les nations évoluent. Dans les années 50, l'Inde apprenait de l'Egypte comment travailler le coton, dans les années 70, en Corée, le PIB par habitant était inférieur à ce qu'il était en Algérie, et dans les années 80, la Chine se demandait si elle pourrait un jour réparer les dégâts causés par la "révolution culturelle"... Il ajoute que ces pays, aujourd'hui, ne produisent pas seulement des produits manufacturés, mais aussi "de la connaissance, de la science". Toutefois, le coeur de son propos est ailleurs: "il ne suffit pas d'apprendre aux enfants à lire-écrire-compter, il faut aussi se poser les questions de base" sur le sens de l'éducation. Les "valeurs" sont un des thèmes privilégiés de ce WISE. Pour le président de l'AUF, le canadien Yvon Fontaine, "il est important que nos étudiants acquièrent des valeurs et nous devons promouvoir la citoyenneté mondiale, mais aussi le respect des identités nationales. Comment trouver l'équilibre?"
Un autre intervenant cite un adage arabe: "Ne limitez pas vos enfants à ce que vous avez appris", il ajoute que "l'école doit se projeter dans l'avenir, sinon, ils iront chercher ailleurs." Et pour lui aussi, à liste des compétences, il faut ajouter des valeurs, le tolérance et le respect des autres et des différences. Pour la responsable qatari des musées, l'Ecole doit "créer des citoyens du monde qui se battront pour un monde meilleur".