L'éducation a-t-elle trouvé le programme de recherche qui lui manquait?
Paru dans Scolaire le mardi 17 février 2009.
Le gouvernement fédéral allemand vient d'annoncer le lancement d'un programme de recherche des plus ambitieux: suivre les parcours de formation de 60 000 Allemands d'âges et de milieux différents pendant plusieurs années, afin d'identifier et d'analyser les différents facteurs qui interviennent, positivement ou négativement, dans l'éducation des individus. Pour en tenir compte ensuite dans l'orientation des politiques éducatives.
Ce programme, financé par le ministère fédéral de l'enseignement et de la recherche, le Land de Bavière et l'université de Bamberg, sera coordonné par Hans-Peter Blossfeld, sociologue à l'université de Bamberg.
L'idée est de s'inspirer de la méthode de certains films documentaires: « les mêmes personnes seront interrogées et testées régulièrement sur de longues périodes, afin de comprendre comment les compétences s'épanouissent au cours de la vie, comment elles influencent les décisions au moment des transitions dans le parcours de formation et de quelle manière elles sont marquées par l'origine familiale et les institutions éducatives fréquentées », explique le service de veille technologique du ministère français des Affaires étrangères.
Les chercheurs mobilisés seront attentifs à l'origine sociale des participants et à leurs capacités en lecture, en mathématiques et en sciences naturelles. En 2009, le suivi portera sur un premier échantillon de 13 000 adultes âgés de 23 à 64 ans. En 2010, sur des enfants de quatre ans, des écoliers de niveau CM2/Sixième et Troisième/Seconde, ainsi que sur des étudiants. Des financements sont prévus jusqu'en 2014 au moins.
Le projet, par son ampleur et son extension dans le temps, proclame déjà sa supériorité sur la plupart des études déjà menées dans le domaine, qui, telles des photographies, « ne peuvent fournir que des instantanés de la situation au moment de l'étude », selon les mots de la ministre allemande de l'Enseignement et de la Recherche, Annette Schavan. « Pour la première fois, il sera possible d'observer comment des enfants de même origine et disposant des mêmes compétences se développent dans des institutions éducatives différentes, de déterminer quels facteurs provoquent des évolutions positives, à quels éléments l'échec est lié et comment des cas dits "à risque" peuvent être précocement détectés ».
A-t-on réellement trouvé là la solution miracle? Suffit-il de suivre tout le monde, et longtemps, pour identifier tous les facteurs susceptibles d'avoir une influence sur l'éducation des individus? Autrement dit, suffit-il de changer d'échelle pour réussir à évaluer ce qui échappe encore à l'évaluation?